Le président de la Transition le Colonel Assimi Goïta s’est exprimé ainsi lundi lors la cérémonie d’ouverture de la phase nationale du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation qu’il a présidée au Centre international de conférences de Bamako. Cette phase dont les travaux doivent prendre fin ce vendredi est l’étape d’affinement et de synthèse des solutions proposées par ces assises aux niveaux communal, régional, des ambassades et consulats.
La cérémonie a débuté par la présentation d’une symphonie pour la paix jouée par une trentaine d’artistes et parcourant quinze aires musicales et culturelles du Mali.
Dans son intervention, le maire de la Commune III, Mme Djiré Mariam Diallo a salué le chef de l’Etat pour avoir pris l’initiative d’aller à l’écoute de son peuple. Au vu des résultats encourageants obtenus lors des précédentes phases du dialogue, elle dira que l’espoir est permis.
Le président du comité de pilotage, pour sa part, a indiqué que depuis plus d’une décennie, la vie du Malien est suspendue à une interrogation récurrente à savoir « de quoi sera fait demain ? ». Pour Ousmane Issoufi Maïga, cette question se nourrit de la crise multidimensionnelle que le pays traverse, faite de tension socio-politique permanente, d’attaques armées contre des civils et les militaires, de la barbarie terroriste devenue une hydre dans le Sahel, de la gouvernance institutionnelle fragilisée, des difficultés économiques tous azimuts et de la vacuité de plus en plus remarquable du panier de la ménagée. Il a rappelé que l’objectif général du Dialogue est de contribuer à la restauration de la paix et la cohésion sociale à travers une réconciliation durable sans interférence étrangère. La finalité étant de permettre au peuple malien de renouer avec les mécanismes endogènes de prévention, de règlement et de gestion des conflits en vue de trouver des solutions consensuelles aux problèmes qui assaillent le Mali.
763 communes
Comme instruit par le chef de l’Etat, Ousmane Issoufi Maïga a indiqué que le comité de pilotage tout au long du processus a usé de tous les moyens mis à sa disposition et de tous les mécanismes et stratégies endogènes pour faire de cette initiative présidentielle, un processus inclusif. D’après lui, l’inclusivité s’est intensifiée à travers la campagne d’information et d’échanges menée à l’endroit des institutions de la République, des familles des anciens chefs d’Etat, des anciens Premiers ministres, des forces vives de la Nation, des universités, grandes écoles et instituts. Ousmane Issoufi Maïga a précisé que les Maliens ont participé massivement et souvent au-delà des quotas fixés à ce dialogue dans 763 communes dont 69 délocalisées pour des raisons diverses, dans les 19 régions et le District de Bamako, dans 48 ambassades et consulats sans incident.
Dans son discours d’ouverture, le président de la Transition a déclaré que « le Mali, considéré jadis comme un pays paisible et tranquille, s’est retrouvé depuis quelques années dans une situation conflictuelle complexe sur laquelle nous n’avions aucune emprise ». « Nous avions été réduits à être des observateurs du martyre de notre peuple, pour des raisons économiques et géostratégiques auxquelles nous étions totalement étrangers. Nos forces de défense et de sécurité, auxquelles on avait enlevé toute capacité offensive, ne pouvaient nullement assumer leur mission régalienne de protection du territoire, des populations et de leurs biens », a déploré le chef de l’Etat. Dans ces conditions, il dira que les contradictions habituelles entre les populations, inhérentes à la vie socioéconomique, ont été exacerbées au point de se transformer en conflits meurtriers sur fond de complicités internes et d’instigation extérieure. « …Les solutions préconisées par la communauté internationale ont plutôt contribué à élargir les zones de tension pour toucher une grande partie du territoire », a souligné le Colonel Assimi Goïta. Pour lui, il est apparu que les mesures prises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et pour assurer l’unité nationale répondaient à un agenda contraire aux intérêts du peuple malien. Le président Goïta a rappelé que les écoles étaient fermées dans plusieurs parties du pays, de même que les marchés et les activités agraires à l’arrêt. D’après lui, cette situation a fait aussi que des Maliens sont des devenus des réfugiés dans d’autres pays. Et les forces de défense et de sécurité maliennes n’avaient pas accès à toutes les parties du territoire. Le Colonel Assimi Goïta a déploré que les ressources minières du Mali comme l’or étaient à la merci d’autres pays. C’est ainsi que, dans un sursaut de dignité, le peuple malien a décidé de reprendre son destin en main et de reconquérir l’ensemble de son territoire, a fait savoir le chef de l’Etat pour qui, la reprise de Kidal et des autres villes du nord a été une illustration parfaite de ce nouvel état d’esprit. Dans cette dynamique, il dira que les autorités ont demandé le départ des forces étrangères afin que l’Armée malienne puisse jouer son rôle régalien de sécurisation des populations et de défense du territoire. Le président Goïta a indiqué que la paix n’a pas de prix, mais elle a un coût. C’est pourquoi, selon lui, il faut assurer le développement du pays car la paix rime avec cela.
Fily Sissoko