Le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga avait convié en réunion le jeudi 7 mars dernier au Centre international de conférences de Bamako, les présidents des partis et groupements de partis politiques pour une réunion d’information. Malheureusement, les ténors de la classe politique ont brillé par leur absence. Cette situation est sans doute un indicateur du profond fossé qu’il y a entre le chef du gouvernement de transition et les ténors de la classe politique malienne mis à la touche depuis sa nomination.
Seulement quelques têtes bien connues étaient présentes à cette rencontre. Il s’agit, entre autres, de Pr Salikou Sanogo de Espoir pour la démocratie et la République (EDR) par ailleurs président par intérim du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), Dr Abdoulaye Amadou Sy de la Coalition des forces patriotiques (Cofop), Boubacar Karamoko Traoré, vice-président du comité stratégique de la tendance du M5-RFP proche du Premier ministre, des cadres et militants de ce mouvement et quelques associations et partis politiques qui soutiennent la transition.
Dans un monologue de plus de deux heures de temps, le Premier ministre a indiqué qu’il fallait expliquer à la classe politique, comment le gouvernement de transition a travaillé et pourquoi et il y a souvent eu des incompréhensions avec une partie de la classe politique. Selon lui, la transition a abordé une nouvelle phase avec l’installation du comité du dialogue inter-Maliens par le chef de l’Etat. Il dira aussi qu’avec l’élaboration et l’adoption des nouvelles lois organiques qui découlent de la nouvelle Constitution, ils vont aborder une nouvelle phase de la transition.
Dr Choguel Kokalla Maïga a donné beaucoup d’explications concernant ses publications sur la rébellion et la crise au nord en général, les actions du gouvernement, ses relations avec le chef de l’Etat, la « confiance » que le président de la Transition lui voue, les actions de lutte contre la corruption, les affaires judiciaires en cours dans le cadre de l’achat des équipements militaires, de l’avion présidentiel, les raisons du retrait de la Cedeao, de la fin de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger, le retrait des forces étrangères du Mali dont la dernière était la Minusma. Dr Choguel Kokalla Maïga a indiqué qu’il voudrait que les responsables des partis politiques comprennent que ce n’est pas parce que les autorités de la Transition ne voulaient pas les écouter. Mais c’est parce qu’ils n’avaient pas les mêmes objectifs. « Certains voulaient juste des élections. Nous nous savions que ces élections, c’est pour amener un président fantoche », a indiqué le Premier ministre, qui dira qu’ils veulent un président élu par les Maliens démocratiquement et c’est ce que va bientôt arriver quand le président va trancher cette question avec le gouvernement.
« On ne vous a pas méprisés ou négligés », a précisé Dr Choguel Kokalla Maïga à l’endroit des leaders politiques. Avant d’appeler à l’union sacrée autour des autorités de la transition et du chef de l’Etat. Selon lui, tout le monde regarde l’Afrique et le Mali et ils n’ont pas droit à l’échec. « S’il y avait des incompréhensions avant et que vous aviez le sentiment qu’on ne vous écoutait pas, on ne pouvait pas vous écouter. La maison brulait et on ne pouvait pas passer le temps à demander qui a mis le feu. Nous avons décidé de passer à l’assaut pour éteindre le feu », a expliqué le Premier ministre, qui a aussi évoqué les nombreuses réformes et autres actions mises en œuvre par le gouvernement de transition. Cette réunion que les ténors de la classe politique malienne ont boycottée est la preuve que le fossé entre eux et le Premier ministre est très profond. Avec cette situation, il serait difficile voire impossible pour l’actuel Premier ministre de pouvoir rassembler la classe politique et de bénéficier de son soutien.
G. Diarra