La rencontre des ministres en charge de l’Economie et des Finances des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) sur le développement économique dans l’espace du Liptako-Gourma s’est tenue le samedi 25 novembre à Bamako.
En effet, sur instruction des chefs d’Etat du Burkina Faso, du Mali et du Niger, les ministres chargés de l’Economie et des Finances ont décidé de la tenue de cette réunion ministérielle. Ils ont examiné des questions de développement économique et social, notamment de grands projets structurants.
Sur les échanges commerciaux ainsi que la circulation des personnes et des biens dans l’espace AES, les ministres ont indiqué que ces échanges sont faibles en dépit des efforts entrepris par les Etats. Ils ont souligné la nécessité pour les Etats de l’Alliance de mettre en commun les efforts et de tirer les leçons des expériences vécues afin d’instituer un espace économique sécurisé permettant d’amorcer un développement harmonieux qui répond aux aspirations et au bien-être des populations. Les ministres ont aussi souligné la nécessité d’améliorer la connectivité entre les trois Etats à travers la conception et la mise en œuvre de programmes de réseaux routier, aérien, ferroviaire et fluvial.
Sur la sécurité alimentaire, ils estiment qu’en dépit de l’existence d’importantes potentialités agricoles dans les trois pays, des contraintes liées à la faiblesse des facteurs de production et aux chocs climatique et sécuritaire impactent négativement la production agricole. D’où la nécessité pour les Etats, selon les ministres, de renforcer les mécanismes communs de riposte face à ces crises alimentaires à travers le développement des aménagements hydro-agricoles d’intérêt commun pour booster la production agricole et la mutualisation des réponses à l’insécurité alimentaire.
Concernant la sécurité énergétique, les ministres ont relevé que la situation des pays dans ce domaine est caractérisé par une forte prédominance de la biomasse dans la consommation énergétique et de celle du thermique dans le mix énergétique. Ils ont indiqué que le taux d’accès à l’électricité dans les trois pays reste faible. Avant de reconnaitre que les pays de l’AES disposent d’un potentiel important en énergies renouvelables notamment le solaire et regorgent d’importantes réserves minières et pétrolières dont l’exploitation judicieuse pourra booster leur économie. Les ministres ont relevé la nécessité de mutualiser les moyens financiers pour investir massivement dans le secteur énergétique afin d’assurer l’autonomie énergétique dans l’espace.
Pour ce qui concerne la transformation industrielle, les potentialités et les perspectives, les ministres de l’Economie et des Finances ont relevé que le tissu économique de l’espace peu développé est caractérisé par la prédominance des petites unités. Ils ont noté une forte concentration des unités dans les capitales, une modeste contribution à la formation du PIB ainsi qu’une insuffisance dans la création des emplois industriels. Les ministres ont donc noté la nécessité d’élaborer et de mettre en œuvre, une stratégie commune d’industrialisation en vue de développer le tissu industriel de l’espace.
Sur le financement, l’intégration économique, l’arsenal règlementaire et les reformes nécessaires, les ministres ont déploré la faiblesse du financement du secteur privé au sein des Etats membres de l’AES. Ils ont appelé à promouvoir un partenariat entre les secteurs public et privé des pays membres notamment le développement des infrastructures de base. Ils ont reconnu la nécessité de mettre en place un fonds de stabilisation pour faire face aux différents chocs et la création d’une banque d’investissement de l’AES. En outre, ils ont relevé la nécessité d’aller vers une véritable union économique et monétaire de l’Alliance.
Les ministres de l’Economie et des Finances des trois Etats ont recommandé, entre autres, l’accélération de la mise en place de l’architecture juridico-institutionnelle et des mécanismes de financement des instances de l’AES, l’amélioration de la libre circulation des personnes dans l’espace commun, l’accélération de la mise en œuvre des projets et programmes énergétiques, agricoles, hydrauliques, de réseaux de transport routier, aérien, ferroviaire et fluvial dans les Etats de l’Alliance. Mais aussi, la réalisation des projets de centrale nucléaire civile à vocation régionale, l’élaboration d’une stratégie commune d’industrialisation des pays de l’AES, la création d’une compagnie aérienne commune aux Etats de l’AES et la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement de l’Alliance.
F. Sissoko