Au troisième jour du blocus, les manifestants ont convergé par centaines vers le parking où l’armée française s’est retranchée la veille (vendredi 19 novembre 2021) à l’entrée de la ville de Kaya. La situation est très préoccupante, selon l’Agence d’information du Burkina (AIB). Acculée de toute part, l’armée française a procédé à des tirs de sommation.
Deux camions portant des conteneurs et appartenant à l’armée burkinabè, ont subi la furie des manifestants. Mais finalement, ils ont été autorisés à suivre leur chemin, quand les manifestants ont appris que ces camions devaient ravitailler des soldats burkinabè engagés au Nord contre le terrorisme.
Dans la nuit du vendredi 19 novembre à samedi 20 novembre 2021, certains cars, des dix tonnes et remorques ont contourné les barrières pour passer par le village de Malo sur l’axe Kaya-Mané. Mais certains manifestants ont vite posé des barrières au niveau du centre régional de transfusion sanguine de Kaya, rapporte l’AIB. Mais ils seront rapidement dispersés par un pick-up de la police nationale.
Vendredi 19 novembre, la tension était montée d’un cran. Deux conteneurs de l’armée française selon certains témoins ou d’une société minière, selon d’autres, ont été décelés par les manifestants.
« A l’intérieur, ce sont des cartons d’aliments contenant des boîtes de sardines, des biscuits, des crudités, du lait, du maïs, des boîtes de tomates, etc. Mais pour eux, les armes se trouvent au fond des conteneurs. Après avoir vandalisé quelques cartons dont les frondeurs ont bondi dessus, les conteneurs ont été fermés par les pionniers du blocus », informe l’AIB.
Et d’ajouter que c’est sous l’assistance de mécaniciens et d’apprentis chauffeurs que les conteneurs ont été cassés avec des marteaux et des planches de cale pour véhicules et gros engins.
Un chauffeur conduisant une citerne a failli se faire lyncher par les manifestants qui l’ont d’abord déshabillé, parce qu’au moment où ils tentaient d’ouvrir les conteneurs, le chauffeur a voulu partir avec son véhicule qui malheureusement aurait piétiné un manifestant.
L’infortuné a été exfiltré par des éléments de la gendarmerie après des négociations. Il faut dire que même s’il y a un grand désordre sur les lieux, les pionniers du blocus et les FDS arrivent jusqu’à présent à se comprendre, selon le correspondant de l’agence.
Les manifestants ont, par la suite, mis le cap sur le parking où est stationnée l’armée française afin d’inspecter tous les véhicules, face à des soldats français armés jusqu’aux dents.
Depuis le début des manifestations, des natifs de la localité (commerçants, opérateurs économiques, particuliers…) apportent leur soutien aux veilleurs à travers des numéraires, de la nourriture, du thé, des boissons non-alcoolisés ou alcoolisés, peut-on lire sur l’AIB.
Pour les manifestants, ce sont des armes et motos que l’armée française veut aller livrer aux terroristes. Autre constat dans la ville est que le commerce se ralentit davantage, avec à la clé la fermeture de plusieurs stations d’essence.
Aux environs de 12h 30, l’armée française a procédé à des tirs de sommation. C’était la débandade, toujours selon l’AIB. Trois blessés ont été enregistrés suite aux tirs de sommation. Mais les manifestants sont restés mobilisés et déterminés.
Le gouverneur de la région du Centre-Nord, Casimir Séguéda, et le Maire de Kaya ont rejoint dans l’après-midi, le lieu des manifestations. Le gouverneur a annoncé que ce samedi 20 novembre 2021, au nom du gouvernement, l’armée française ne passera pas une troisième nuit à Kaya et qu’elle quittera le territoire burkinabè, selon l’AIB qui informe que Casimir Séguéda a demandé aux manifestants de libérer le passage pour permettre au convoi militaire français de rebrousser chemin sur Ouagadougou.
En fin d’après-midi, un drone qui survolait les manifestants a été visé et descendu par un jeune enfant à l’aide d’un lance-pierres. Les manifestants ont détruit l’objet volant qui appartient, selon eux, à l’armée française.
Burkina 24