Après s’être penché sur la question, le gouvernement a annoncé le report de la suspension de la subvention que l’Etat accordait à l’enseignement catholique depuis 52 ans. Le dossier était à l’ordre du jour d’un conseil de cabinet restreint qui a réuni le lundi 19 août dernier autour du Premier ministre, le ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale et ses collègues de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et des Finances.
Pour rappel,dans une lettre envoyée au secrétaire général du comité Syntec de Sikasso en date du 30 juillet dernier, le directeur de l’Enseignement catholique de la même région avait annoncé la suspension des activités pédagogiques des écoles catholiques subventionnées du Diocèse de Sikasso. Cette décision avait été prise par les Evêques du Mali suite à l’annonce de l’arrêt de la subvention de l’Etat à la fin de cette année, précise-t-il dans sa lettre.
Le directeur de l’Enseignement catholique de Sikasso avait rappelé qu’après 83 ans (1889-1972) de soutien à l’Etat dans l’éducation des enfants maliens, l’Eglise a signé une convention avec l’Etat en 1972. Une convention qui alloue à l’Eglise catholique, une subvention de 80% de la masse salariale des enseignants debout dans les classes. Ce qui permettait aux enseignants de l’Enseignement catholique de bénéficier du même traitement salarial que leurs homologues du public. Mais depuis quelques années, les retards accusés par l’Etat dans le versement de ladite subvention ont engendré des difficultés financières aigues qui ont entrainé une crise financière sans précèdent dans les Diocèses avec des répercussions sur le bon fonctionnement des structures éducatives. Il s’agit du retard des allocations familiales, la fermeture des droits Amo de certains enseignants, le retard dans le traitement salarial, l’endettement des Diocèses en vue de payer les salaires des enseignants.
Le directeur de l’Enseignement catholique de Sikasso avait indiqué qu’avec la suppression annoncée de la subvention par l’Etat à la fin de l’année 2024, les Diocèses déjà surendettés n’ont plus les moyens de payer les salaires du personnel enseignant.
Au regard de cette situation, les Evêques du Mali, lors de leur session extraordinaire tenue les 10 et 11 juillet derniers, ont décidé de suspendre les activités pédagogiques de toutes les écoles catholiques subventionnées pendant la période allant du 1er octobre 2024 au 31 août 2025 si la suppression de la subvention est effective. Et la reprise des activités pédagogiques devait intervenir à la rentrée scolaire 2025-2026 avec un autre système de fonctionnement.
Pilier de l’éducation nationale
L’enseignement catholique est l’un des piliers de l’éducation nationale.Sa contribution à l’offre d’éducation et de formation au Mali couvre tous les ordres d’enseignement, du préscolaire au supérieur. Son importance dans le système éducatif malien n’est plus à démontrer. De nombreux cadres de l’administration sont passés par là et l’enseignement catholique continue à bénéficier de la confiance des parents d’élèves à cause du sérieux et de la qualité de sa formation.
C’est face à cette situation que le gouvernement a décidé de se pencher sur le dossier qui, depuis des semaines, anime les débats et préoccupe les parents d’élèves, les 1613 enseignants concernés et leurs familles. C’était l’objet du conseil de cabinet restreint qui s’est tenu le lundi 19 août dernier à la Primature.
L’objectif était d’examiner de près la situation de ces écoles reconnues d’utilité publique depuis 1960 et dont l’Etat avait décidé de suspendre, dès janvier 2025, la subvention qu’il leur accorde. Il s’agissait surtout de trouver les solutions idoines pour résoudre la crise de ces écoles qui ont décidé d’arrêter leurs activités pédagogiques à partir de la rentrée scolaire prochaine, risquant ainsi de mettre au chômage des enseignants et de bouleverser le parcours scolaire des élèves. Le gouvernement a expliqué que sa décision fait suite aux réflexions engagées pour respecter les principes de l’égalité des citoyens et de la laïcité consacrée par la Constitution.
Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a évoqué le contexte actuel du pays qui est en guerre et dont les ressources s’amenuisent. Face à cette situation, il trouve nécessaire de savoir où vont les subventions de l’Etat surtout avec l’absence de financement de la part des bailleurs et la croissance exponentielle des établissements scolaires de tous genres dont certains ont été créés avec des faux papiers ou même par des fonctionnaires. Lors du conseil de cabinet, il avait promis que le gouvernement va prendre la question à bras-le-corps pour trouver les solutions idoines sous formes de recommandations à soumettre au président de la Transition.
Après le conseil de cabinet du lundi 19 août, le Premier ministre a annoncé le mercredi dernier au cours d’une rencontre avec les représentants de l’Eglise catholique, le report de la suspension des subventions accordées par l’Etat pendant l’année scolaire 2024-2025.
A. Sanogo