Au cours de son intervention lors de la rencontre entre les partis politiques et la commission de rédaction de l’avant-projet de Charte pour la paix, l’ancien ministre Oumarou Diarra du Mouvement Patriotique pour la Justice (MPJ Faso Yelen) a posé un certain nombre de questions et fait des témoignages. Il a d’abord demandé si on peut décréter la paix. Mais aussi si une Charte peut amener la paix au Mali. Avant d’indiquer qu’il a eu la chance de voyager à travers le pays. Et ce qu’il a constaté sur le terrain et les initiatives prises à Bamako pour ramener la paix sont diamétralement opposés. Pour Oumarou Diarra, lorsqu’on analyse comment les assises sont organisées et les documents qui les concernent, on a comme l’impression que le pays se limite à Bamako ou que ce sont les préfets et gouverneurs qui peuvent trouver des solutions aux problèmes. Il dira qu’il est resté sur sa faim concernant les conclusions du Dialogue inter-Maliens. Selon lui, beaucoup de bonnes choses ont été dites, mais si ce dialogue avait été tenu comme il se doit, il n’y aurait pas ces rencontres pour la rédaction d’une Charte. Oumarou Diarra a indiqué qu’il pense à nos compatriotes qui sont à Diallassagou, Mondoro, Moura, Ménaka. Il estime que la crise a été instrumentalisée pour mettre des communautés dos à dos. Aujourd’hui, il soutient que des citoyens détiennent des armes et se battent contre l’Armée.
« Nous avons été sur le terrain et nous avons eu des témoignages. Aujourd’hui, c’est vrai que l’Armée monte en puissance. Mais si l’armée peut neutraliser les terroristes, des projets de développement doivent neutraliser les sources de recrutement des terroristes », a laissé entendre Oumarou Diarra. D’après lui, les terroristes ont en train de recruter au sein des populations à cause des difficultés économiques. Avant, selon des témoignages qu’il dit avoir recueillis sur le terrain, les terroristes payaient des gens pour poser des Engins explosifs improvisés contre l’Armée pour la somme de 350.000 FCFA. Mais dernièrement, lorsqu’il était sur le terrain, tellement que la demande est là, les terroristes payent les gens maintenant à 50.000 FCFA pour poser ces engins explosifs. Pour Oumarou Diarra, cela veut dire que les difficultés financières sont en train de pousser certains compatriotes à poser ces actes qu’ils n’aiment pas. Il dira qu’il est temps qu’on arrête de faire semblant pour faire face aux problèmes en associant les premières victimes de la crise à la recherche de solutions. M. Diarra a indiqué que les rencontres qui se tiennent à Bamako sont importantes. Mais pour lui, rencontrer les leaders des localités en proie à l’insécurité serait plus bénéfique pour la paix qu’une réunion avec une centaine d’universitaires à Bamako. Il prévient que les populations des localités qui vivent directement la crise sont animées d’un certain nombre de sentiments aujourd’hui. Le premier est le sentiment d’être abandonné. Et pour que ces populations abandonnent ce sentiment, il estime qu’il faut qu’elles soient associées à toutes les grandes initiatives de l’Etat. Oumarou Diarra a demandé à la commission de ne pas tenir toutes les rencontres pour l’avant-projet de Charte à Bamako mais d’aller à la rencontre de ces populations.
Abdoul Sanogo