Le 10 juillet dernier, Jeamille Bittar a annoncé qu’il met fin à sa carrière politique. « J’ai décidé de mettre fin à ma carrière politique et je remercie le peuple malien pour sa confiance », a-t-il écrit sur sa page Facebook. Le même jour, le gouvernement de la transition levait la mesure de suspension des activités des partis politiques et à caractère politique des associations. Une mesure mise en œuvre durant trois mois.
Pour rappel, Jeamille Bittar est un opérateur économique qui s’est engagé en politique. Alors qu’il était président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), ce promoteur de la compagnie Bittar Trans et de plusieurs autres entreprises dont Bittar Impression s’était présenté aux élections législatives de 2007 en commune V sans succès. Après, il avait rejoint le Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES), parti considéré comme celui des héritiers du président feu Amadou Toumani Touré. Bittar n’a pas tardé à afficher ses ambitions présidentielles.
Conscient qu’il était mal placé pour être désigné par les membres du parti comme porte-étendard en 2012, il va créer un mouvement politique parallèle sans pour autant quitter tout de suite le PDES. Il s’agit de l’Union des Mouvements et Associations pour le Mali (UMAM) qu’il a créée avec d’autres camarades dont Amadou Koïta.
Ce qui n’était pas encore officiel l’a été le 22 octobre 2011. En effet, ce jour, il y a eu le lancement officiel des activités de l’UMAM avec pour but de soutenir la candidature de Jamille Bittar à la présidentielle de 2012. Le coup d’Etat du 22 mars 2012 va ajourner les élections au moment où il était le président du Conseil économique social et culturel.
Au lendemain de ce coup d’Etat mené par Amadou Aya Sanogo, Jeamille a vu de toutes les couleurs. La junte militaire du CNDRE l’avait terrorisé à cause de ses liens avec l’entourage immédiat du président déchu Amadou Toumani Touré.
En 2013, il sera candidat à l’élection présidentielle qui a mis fin à la Transition dirigée par Professeur Dioncounda Traoré. Candidat à l’élection présidentielle sous les couleurs de l’UMAM, Jeamille Bittar fait partie des candidats qui sont tombés dès le premier tour. Le deuxième tour a opposé feu Ibrahim Boubacar Keïta à feu Soumaïla Cissé.
Membre du FDR, Jeamille Bittar restera fidèle à son camp en décidant de soutenir Soumaïla Cissé, tout comme Modibo Sidibé, un autre signataire de la plateforme ADR/FDR. Pendant ce temps, Dramane Dembélé dont le parti Adema était membre de ce groupement a décidé de soutenir Ibrahim Boubacar Keita qui remportera l’élection haut les mains au second tour le 11 août 2013.
Après le retour à l’ordre constitutionnel, l’UMAM va voler en éclats. Jeamille Bittar va créer le Mouvement Citoyen pour l’Alternance, le Travail et la Transparence (MC-ATT) avec certains anciens camarades pour pouvoir survivre sur la scène politique. Avec d’autres formations politiques, il va créer aussi le Pôle Politique du Consensus.
Appartenance au M5-RFP
Après un premier mandat relativement calme, le président Ibrahim Boubacar Keïta va entamer un second mandat en 2018. Début 2020, il va faire face à des manifestations populaires pour dénoncer les fraudes lors des élections législatives, la mauvaise gouvernance, l’insécurité, etc.
Ces manifestations étaient organisées par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui regroupaient le mouvement Espoir Mali Kura (EMK), le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et la CMAS (Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko). Au début, il avait été annoncé que Jeamille a rejoint le mouvement. Cette information va d’abord être démentie par ses proches. Avant que Jeamille lui-même ne s’affiche quelques semaines après avec ce mouvement.
Le 18 août 2020, un groupe de militaires avec à leur tête le Colonel Assimi Goïta, va prendre le pouvoir. Et en 2021, après une première phase de la transition dirigée par le président Bah N’Daw, le poste de Premier ministre sera confié au M5-RFP. Jeamille Bittar va revendiquer le titre de porte-parole du Mouvement. Il pensait que son heure a sonné. Alors que la transition est toujours en cours, avec le M5-RFP à la Primature à travers le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, Jeamille Bittar a annoncé le 10 juillet dernier qu’il met fin à sa carrière politique. Cette décision a surpris plus d’un surtout venant d’une personne qui s’est beaucoup battue au sein du M5-RFP. Des sources dignes de foi soutiennent que cette décision de l’enfant de San est le fruit d’une longue période de déception. D’après nos sources, Jeamille Bittar qui s’est beaucoup battu pour le M5-RFP en mettant les locaux de son immeuble à Sogoniko à la disposition de ce mouvement pense qu’il n’a pas été récompensé comme il le faut. Nos sources estiment qu’il lorgnait un poste de ministre dans le gouvernement de transition. Chose qu’il a attendue en vain.
Abdoul Sanogo