Monsieur le Premier ministre,
Je me permets de vous écrire cette lettre ouverte avec un profond respect et une sincérité absolue. Vous avez été, sans conteste, l’une des figures les plus admirées au Mali ces derniers temps. Cependant, comme tout parcours politique, le vôtre a également connu des moments difficiles qui ont fait fluctuer votre popularité.
Monsieur le Premier Ministre, il est bien connu que la politique est un domaine où les alliances et les rivalités se font et se défont au gré des circonstances. Vous avez combattu aux côtés de nombreuses personnalités et avez partagé avec elles des batailles importantes pour notre pays. Aujourd’hui, cependant, il semble que certaines de vos actions aient pu être perçues comme des attaques envers ces mêmes personnes avec qui vous aviez cheminé. Comme le dit l’adage, il est ardu de tuer le lion avec d’autres et ensuite d’incarner ce même lion pour effrayer ses anciens compagnons d’armes.
Il est indéniable que vous avez exercé votre rôle avec bravoure et détermination à un certain moment. Mais il est aussi essentiel, parfois, d’écouter les retours et les critiques, car personne ne détient la vérité absolue. L’intelligence, comme vous le savez mieux que quiconque, est relative et collective. C’est pourquoi je me permets, en tant que jeune éditeur, de vous adresser ce conseil : quittez la primature avant qu’elle ne vous quitte. Ce départ par la grande porte préservera votre dignité et l’honneur avec lesquels vous avez servi notre nation.
J’espère de tout cœur que cette lettre ne vous offensera pas, mais qu’elle vous aidera à voir clair dans votre réflexion, avec cet esprit éclairé qui vous caractérise. Je vous demande pardon si mes mots vous ont blessé, ce n’était nullement mon intention. De passage, permettez-moi également de vous suggérer de parler à certains de vos proches collaborateurs qui, parfois, n’hésitent pas à insulter ceux qui expriment des idées contraires aux vôtres. Ces comportements ne servent ni votre image ni la cause que vous défendez.
Monsieur le Premier Ministre, il est peut-être temps aujourd’hui de prendre du recul, de vous reposer, et de raconter vos brillantes histoires et prouesses à vos petits-enfants. Votre héritage politique est déjà gravé dans l’histoire de notre pays, et il est important de le préserver intact.
Avec tout le respect que je vous dois,
Abdourahmane Doucouré