Le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta a présidé le vendredi 10 mai dernier au CICB, la cérémonie de clôture du dialogue inter-Maliens. De nombreuses recommandations ont sanctionné ces cinq jours d’assise.
Cette phase qui est intervenue après les niveaux communal, régional et des ambassades et consulats était l’étape ultime d’affinement et de synthèse des solutions proposées et compilées.
Pour le président du comité de pilotage, ce dialogue fut un exercice d’opinions, de contributions citoyennes, de partage de points de vue et de recommandations pertinentes pour notre devenir commun.
Selon Ousmane Issoufi Maïga, avec l’inclusivité dont il a été largement empreint, les débats ont permis aux Maliens de faire une large remise à niveau de leurs appréhensions sur l’actualité autant des localités du Mali profond que sur les défis qui se posent à eux et à leur pays. Pour lui, les Maliens veulent rester imbibés dans leurs mécanismes endogènes de gestion des conflits. Et cette nouvelle architecture devrait leur permettre, devant chaque situation de crise, de recourir à leur propre génie de médiation afin que nul n’ait encore besoin d’aller chercher un tiers arbitre extérieur, très souvent peu au fait de nos us et coutumes millénaires et fixé sur ses propres calculs. Selon lui, ce dialogue a permis de toucher du doigt les problèmes qui assaillent le quotidien du Malien.
Pour sa part, le président de la Transition a indiqué que face à la gravité de la situation dans laquelle le Mali s’est retrouvé et qui menaçait les fondements même de l’Etat, le peuple malien a opéré une prise de conscience qui lui a permis de s’engager dans la voie de la concrétisation de sa souveraineté. Après le succès de l’opération qui a permis de récupérer la région de Kidal et d’autres localités importantes du pays après une décennie d’occupation sur fond de séparatisme, le président Goïta dira qu’il était indispensable de dénoncer l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Selon lui, cette urgence justifiait à bien des égards, l’initiation d’un dialogue direct entre les Maliens dont l’objectif était de diagnostiquer les causes des conflits intra et intercommunautaires afin de tracer une architecture de paix durable, recoudre le tissu social et renforcer le vivre ensemble. Le président de la Transition a indiqué que c’est le peuple dans toute sa diversité ethnique, religieuse et socio-professionnelle qui s’est exprimée. Pour lui, avec ce dialogue, les Maliens viennent de poser la pierre angulaire du chantier de l’édification du Malikura c’est-à-dire un Mali en paix, réconcilié, fort et prospère.
Une batterie de recommandations
Cette phase a abouti à l’adoption de plusieurs recommandations. Pour la thématique 1 « paix, réconciliation nationale et cohésion nationale », les participants ont recommandé, entre autres, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour le retour des réfugiés et des déplacés dans leurs villages ou sites d’origine et leur apporter tout le soutien matériel, financier et moral pour leur réinsertion socio-économique, d’instaurer un cadre de dialogue permanent intra et intercommunautaire, de dissoudre les milices et les groupes d’auto-défense et assurer la réinsertion socioprofessionnelle de leurs combattants, de privilégier le recours à nos us et coutumes comme moyens de prévention, de gestion et de règlement des conflits, de renforcer les capacités des autorités et légitimités traditionnelles dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits communautaires, d’engager le dialogue avec tous les mouvements armés maliens, d’instaurer une journée nationale du pardon, d’ouvrir le dialogue doctrinal avec les groupes armés dits djihadistes. Au niveau de la thématique 2 « questions politiques et institutionnelles », les recommandations sont, entre autres, la prise de mesures appropriées pour consolider les acquis démocratiques, faire respecter les principes et les règles du jeu démocratique, la révision de la Charte de la Transition, la prorogation de la durée de la Transition de 2 à 5 ans jusqu’à la stabilisation du pays, la candidature du Colonel Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle, le grade de Général pour les Colonels Assimi Goïta, Malick Diaw, Abdoulaye Maïga, Sadio Camara, Ismaël Wagué et Modibo Koné, etc.
Pour la thématique 3 « économie et développement durable », les recommandations sont, entre autres, garantir l’équité et la transparence dans la gestion des affaires publiques, réduire le train de vie de l’Etat, renforcer les capacités de production et de transformation dans les régions de production par la création de zones économiques spéciales, créer une banque de la diaspora, développer et diversifier les sources d’énergie pour assurer la sécurité énergétique du pays. Pour la thématique 4 « aspects sécuritaires et défense du territoire », les recommandations sont, entre autres, moraliser le processus de recrutement dans les Forces armées et de sécurité, disposer d’une armée professionnelle et bien équipée, procéder à un meilleur maillage du territoire en révisant la carte militaire, renforcer la surveillance des frontières, mettre en place des postes de sécurité mobiles entre les grandes agglomérations, encadrer les artisans armuriers dont les compétences peuvent être mises à profit pour l’émergence d’une expertise endogène, recenser et collaborer avec les fabricants d’armes artisanales pour un meilleur contrôle, militariser les corps paramilitaires, créer des centres de déradicalisation. Pour la thématique 5 « géopolitique et environnement international », les recommandations sont, entre autres, la promotion d’une diplomatie directe, active, forte basée sur l’information, la communication et les valeurs culturelles comme levier stratégique d’influence dans le domaine de la vie de la Nation, renforcer la diplomatie avec les pays de l’Asie et du Golf, développer un partenariat de bon voisinage, établir une forte coopération entre les Forces de défense de sécurité des pays de l’AES, créer une unité de garde-frontières à l’instar des pays voisins, initier des actions en vue de l’adhésion du Mali aux BRICS, mettre en place un conseil consultatif composé d’anciens ambassadeurs et personnes ressources
F. Sissoko