En fin 2021, l’idée de négociations avec les chefs terroristes maliens Amadoun Kouffa et Iyad Ag Ghali pour ramener la paix au Mali avait émergé. L’information avait circulé et même été confirmée par des sources au niveau du ministère des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes en son temps. Avant d’être, par la suite, démentie par le gouvernement par le biais d’un communiqué.
Les assises du Dialogue national inclusif, au niveau de la thématique « paix, sécurité et cohésion sociale », avaient recommandé, entre autres, de déployer au plus vite, les forces de défense et de sécurité reconstituées sur l’ensemble du territoire national. Mais aussi, les services administratifs et les services sociaux de base. D’autres recommandations portaient sur le recrutement massif pour étoffer les effectifs des forces armées et de sécurité, la renégociation d’un mandat de la Minusma plus adapté à la situation sécuritaire du pays, l’interdiction des associations à caractère ethnique pour lutter contre les replis identitaires, le désarmement et la dissolution des milices armées, la relecture de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation, l’engagement du dialogue avec Amadoun Kouffa et lyad Ag Ghali pour ramener la paix au Mali.
Conformément aux recommandations du Dialogue national inclusif, les informations avaient circulé sur l’engagement des négociations avec les chefs terroristes maliens pour tenter de mettre fin au conflit qui ensanglante le pays depuis plus d’une décennie. Cette nouvelle est tombée alors que les autorités maliennes avaient toujours indiqué à plusieurs reprises par le passé qu’elles n’étaient pas hostiles à de telles négociations. Le Haut conseil islamique du Mali avait été mandaté pour mener ces négociations. L’information avait été confirmée par un responsable de cette organisation et même par des sources proches du ministère des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes. Notre source avait même confirmé la tenue d’une réunion entre une délégation du Haut conseil islamique et le ministre Mahamadou Koné pour leur expliquer « les missions de bons offices entre les groupes radicaux violents au Mali ». L’information concernant cette rencontre avait même été publiée sur la page Facebook dudit département avec les photos du ministre Koné et cette délégation de religieux.
« Le ministre s’est entretenu avec le Haut conseil islamique pour l’informer du désir du gouvernement de négocier avec tous les groupes radicaux maliens, y compris Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa », avait déclaré un responsable du ministère.
Dans la foulée, un responsable du HCI avait aussi précisé que l’institution avait été mandatée pour négocier avec les chefs terroristes maliens et pas avec les djihadistes étrangers.
Alors que cette démarche était appréciée diversement par les populations, certains estimant que c’est une bonne initiative et d’autres soutenant que c’est un terrain glissant, le gouvernement a, dans un communiqué, démenti toute négociation entre l’État malien et les leaders des groupes armés terroristes.
« Aucune organisation nationale ou internationale n’a été mandatée officiellement pour mener une telle activité », dit le communiqué du gouvernement, qui dit apprécier l’initiative des bonnes volontés qui se sont manifestées pour mener des négociations.
Pourtant, ce démenti du gouvernement était intervenu après que le ministère des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes, ait confirmé la reprise des négociations entre l’État malien et des terroristes conformément à la volonté exprimée par des Maliens lors du Dialogue national inclusif tenu en décembre 2019.
Après le communiqué du gouvernement, le Haut conseil islamique qui était mandaté pour mener ces négociations, a dit s’en tenir aux dires des autorités de la transition.
« On s’en tient à ce que le gouvernement a dit, on ne va pas faire de polémique sur cette affaire », avait affirmé Moufa Haïdara, le négociateur en chef du Haut conseil islamique du Mali, joint par certains confrères.
Le dialogue avec les terroristes maliens avait été évoqué également lors de la Conférence d’entente nationale et des Assises nationales de la Refondation. Comme une rengaine, ce dialogue fait partie des recommandations formulées au cours du Dialogue inter-Maliens dont les travaux de la phase nationale prennent fin en principe ce vendredi.
A. Sanogo