Afin de laver le linge sale entre Maliens sans interférence extérieure, le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta a initié le dialogue direct inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale. Un comité de pilotage dirigé par l’ancien Premier ministre Ousmane Issouffi Maïga a été mis en place. Pour garantir l’inclusivité autour de ce dialogue, ce comité a rencontré l’ensemble des forces vives de la Nation avant la phase communale qui s’est tenue du 13 au 15 avril dernier. Cette phase préparatoire avait permis au comité de pilotage de rencontrer les autorités, légitimités traditionnelles et les confessions religieuses, les organisations de femmes, de jeunes, de la société civile, les institutions de la République, les partis politiques, les autorités administratives indépendantes, les organisations socioprofessionnelles, la presse, etc.
Au cours des différentes rencontres, le président du comité de pilotage a indiqué que la mission de la première phase consistait pour eux de préparer les conditions favorables à ce dialogue sans aucune interférence extérieure. Ousmane Issoufi Maïga a fait savoir que dans sa lettre de mission, le président de la Transition a décliné sa vision pour le dialogue inter-Maliens. Il s’agit de « résoudre les mésententes au sein des communautés et entre elles et réparer le tissu social en vue de restaurer l’harmonie et le vivre ensemble ayant toujours caractérisé les sociétés maliennes sans lesquels, le développement et la réalisation du Malikura serait impossible ».
Pour le président du comité de pilotage, le processus du dialogue direct entre les Maliens vise à éradiquer les racines des conflits communautaires qui ont fragilisé le tissu social et ébranlé le vivre ensemble. Pour ce faire, son comité entend adopter une démarche inclusive et participative pour que les décisions et recommandations puissent refléter les points de vue exprimés et permettre de résoudre définitivement les crises qui ont tant fait souffrir les populations.
Une panoplie de recommandations
La phase communale de ce dialogue s’est tenue à un moment où plusieurs formations politiques ont appelé leurs militants à ne pas y pendre part en représailles à la suspension de leurs activités et celles à caractère politique des associations par le gouvernement de Transition. Malgré ce mot d’ordre, la phase communale a suscité beaucoup d’engouement auprès des populations qui sont sorties pour exprimer leurs points de vue et aspirations sur les différentes thématiques retenues pour ce dialogue.
De nombreuses recommandations ont été formulées lors de cette phase à travers le pays. A Bamako en commune III, les participants ont recommandé, entre autres, de réactualiser la liste électorale, de créer un climat de confiance entre les autorités et les populations en réduisant leurs budgets au profit de la population, de résoudre certaines priorités avant d’aller aux élections, de mettre en place notre propre démocratie, de proroger la durée de la Transition, de lutter contre l’impunité. En commune I, les participants ont prôné d’établir un climat d’entente et de confiance entre les dirigeants et les citoyens sans exclusion, de réduire le nombre des partis politiques, de réviser la charte des partis politiques, de revoir les critères de financement des partis politiques. Mais aussi de renforcer les capacités des services des Eaux et Forêts, d’élever les cinq Colonels au rang de Général, de prolonger le délai de Transition pour parachever les actions entreprises, de dissoudre les milices et groupes d’auto-défense et leur réinsertion au sein des forces armées et de sécurité ou d’autres couches sociales. En communes II et IV, les recommandations ont concerné, entre autres, le respect des textes qui régissent la vie de la Nation, le renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité, la dissolution des milices, la moralisation des recrutements au sein des Forces armées maliennes, la suppression des financements publics des partis politiques, le regroupement des partis politiques par vision, la limitation des associations. Les participants ont aussi recommandé de donner le temps à la transition de poser les vrais jalons d’une vraie refondation pour un Mali émergent, de militariser les services des Eaux et Forêts, etc.
A Tombouctou, les participants ont requis qu’à la fin de la Transition, le Colonel Assimi Goïta soit candidat à l’élection présidentielle, d’introduire l’enseignement de nos valeurs sociétales dans les écoles et medersas, de redynamiser les comités de conciliation. Les participants des 11 communes de Macina ont appelé, entre autres, à renforcer la capacité opérationnelle des forces de défense et de sécurité, de renforcer les capacités et l’indépendance de la justice, de limiter le nombre des partis politiques. A Gao, les recommandations formulées portent, entre autres, sur la prolongation de la durée de la Transition de jusqu’à 10 ans, la réhabilitation et la sécurisation de la route Gao-Sevaré et la sécurisation de l’axe Gao-Niamey.
F. Sissoko