Après l’annonce du gouvernement de mandater le Haut Conseil Islamique (HCI) pour négocier avec les chefs djihadistes maliens Iyad Ag Ghaly et Hamadoun Kouffa, Ibrahim Maïga, spécialiste des questions de securité a réagi sur sa page Facebook.
Il estime que cette annonce du gouvernement fait écho aux résolutions et recommandations de la conférence d’entente nationale, du dialogue national inclusif et des journées de concertation nationale sur la transition. Mieux, il a rappelé que lors de la première phase de la transition en cours, l’ancien Premier ministre Moctar Ouane avait déjà donné le ton en indiquant la volonté de son gouvernement d’explorer cette piste malgré les réserves de certains partenaires. Selon lui, cette annonce concrétise la première tentative de dialogue assumée par le haut. Pour le spécialiste des questions de securité, jusque-là, le dialogue avec ces groupes a essentiellement consisté en des échanges par le bas. Alors qu’il pense que cette approche permettait, dans certains cas, de contourner le principe de non négociation avec cette catégorie d’acteurs et, dans d’autres, de dégager un modus vivendi dans les zones où ces groupes sont actifs.
Notre spécialiste est convaincu cependant que plusieurs aspects dans cette démarche poussent à un optimisme prudent. En premier lieu, il estime que le choix du HCI en lieu et place d’une commission de dialogue élargie, comprenant en son sein un ensemble « d’expertises » pourrait s’avérer peu productif car le prisme religieux peut être réducteur et trompeur. Il pense aussi que ce choix lui-même conditionne l’approche et le type d’offre à faire à des groupes qui sont très segmentés et dont les membres ont des motivations diverses et variées. En second lieu, Ibrahim Maïga dira que la segmentation implique également que le succès ou l’échec de cette démarche ne devra pas exclusivement être évalué à l’aune de la conclusion d’un accord avec Iyad ou Kouffa, mais aussi à travers sa capacité à démobiliser une partie des combattants. Par ailleurs, le spécialiste souligne que le dialogue n’est pas une panacée. Selon lui, s’il est déconnecté des autres modes d’action ou d’intervention, il risque d’engranger des résultats à la fois limités et mitigés. « Le séquençage et la coordination des actions (militaire, développement, gouvernance) y compris avec les partenaires, notamment ceux intervenant militairement sera une condition de son utilité voire de son efficacité », précise le spécialiste. Enfin, Ibrahim Maïga estime que le dialogue devrait être appréhendé comme une opportunité pour des consultations larges avec les populations sur le modèle de gouvernance.
La Nouvelle Voie du Mali