Après plusieurs jours de sit-in et le départ du Directeur général Pr Samba Sow qui aurait d’ailleurs démissionné selon certains de ses proches, les comités syndicaux de l’Institut national de santé publique (INSP) ont adressé une lettre ouverte à la ministre de la Santé et du Développement social pour demander son implication personnelle dans ce bras de fer qui les oppose à leur direction par rapport à l’exécution du décret du président de la Transition sur la prime spéciale Covid-19. En plus du sit-in, ils ont entamé la désobéissance civile selon un des responsables syndicaux.
Les comités syndicaux de l’INSP réclament le payement de la prime spéciale Covid-19 accordée par le président de la Transition à travers un décret pour la période allant du 1er juin 2021 au 31 mai 2022. Dans l’application de ce décret, les syndicats dénoncent la prise en compte de 261 jours alors que l’année en compte 365. Aussi, ils soutiennent qu’il y ait eu des prélèvements chez certains agents qui étaient sur les activités Covid-19 mais qui sont partis en mission, en congé de formation, qui ont pris une permission pour aller se soigner ou même chez des femmes en congé de maternité.
Décret présidentiel
Le décret du président de la Transition est très clair sur la question. Le Colonel Assimi Goïta a en effet pris le décret n°2022-0455/PT-RM du 10 août 2022 portant allocation d’une prime spéciale Covid-19 aux agents chargés de la surveillance, de la prévention et de la prise en charge des cas de la maladie à coronavirus. Selon l’article 1er de ce décret, il est alloué une prime spéciale Covid-19 aux agents chargés de la surveillance épidémiologique au niveau des cordons sanitaires et de l’aéroport international Modibo Keïta de Bamako-Sénou, de la prévention et de la prise en charge des cas positifs de la maladie à coronavirus dans les structures de santé. Le décret précise que cette prime spéciale est octroyée pour une période d’un (01) an, allant du 1er juin 2021 au 31 mai 2022. Et que son taux est fixé à 5000 F CFA par jour de travail et par agent.
La liste des structures bénéficiaires et la situation du personnel impliqué a été jointe en annexe à ce décret. Pour le District de Bamako par exemple, l’effectif concerné est de 222 agents pour 131 jours. A l’hôpital du Mali, l’effectif est de 185 agents pour 261 jours, tandis que pour le CHU du Point G, il est de 153 pour 261 jours. A l’hôpital dermatologique, il est de 13 pour 261 jours. Pour le CHU Gabriel Touré, l’effectif est de 46 agents pour 87 jours. Il est de 10 agents pour 87 jours à l’hôpital de Kati alors qu’à celui de Kayes, il est de 59 agents pour 87 jours. A l’hôpital de Sikasso, l’effectif est de 12 agents pour 87 jours. Il en est de même pour les hôpitaux de Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao. Au niveau de l’INSP, ce décret disait dans un premier temps que l’effectif concerné est de 47 agents pour 261 jours.
Par la suite, le président de la Transition a pris un décret rectificatif concernant cette prime spéciale pour l’INSP et l’hôpital dermatologique de Bamako. Il s’agit du décret n°2023-0136/PT-RM du 24 février 2023 portant rectificatif de l’annexe du décret n°2022-0455/PT-RM du 10 août 2022 portant allocation d’une prime spéciale Covid-19 aux agents chargés de la surveillance, de la prévention et de la prise en charge des cas de la maladie à coronavirus. Avec ce décret rectificatif, l’effectif des agents pour l’hôpital dermatologique de Bamako passe de 13 à 58 pour 261 jours. Et pour l’INSP, l’effectif passe de 47 à 285 agents toujours pour 261 jours.
C’est donc l’application de ce décret par la direction générale de l’INSP qui est à l’origine de la grogne des syndicats. Alors que les syndicalistes veulent que cette prime soit payée à tous les travailleurs sur les 365 jours de l’année, la direction n’est pas de cet avis. Pour le directeur général adjoint de l’Institut M. Alamir Touré, ce décret fixe le nombre de jours à 261 et il parle de jours de travail. Aussi, selon lui, tout le personnel de l’INSP n’a pas travaillé sur les activités Covid-19 car certains sont partis en mission au cours de la période ou sur d’autres activités. En plus, des agents ont pris leur congé au cours de la période et d’autres, des permissions. C’est pourquoi, dans le traitement du décret, la direction a soustrait tous ces jours qui n’ont pas été effectifs de travail dans les activités Covid-19.
A. Sanogo