Dans le cadre de la célébration de l’année internationale des millets 2023, l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) a organisé hier jeudi une journée portes ouvertes à sa station de Samanko. C’était sous la présidence du ministre de l’Agriculture, M. Lassine Dembélé, en présence du directeur par intérim de l’ICRISAT-Mali, Dr Macdonald Bright Jumbo, du représentant de l’ambassade de l’Inde, des producteurs et productrices de plusieurs régions ainsi que des coopératives et organisations du secteur agricole. L’objectif de cette journée était de faire découvrir au monde paysan, les types de variétés des semences améliorées de l’Institut.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le directeur par intérim de l’ICRISAT, Dr Macdonald Bright Jumbo a indiqué que 2023 est une année spéciale car c’est aussi l’année internationale des millets. « C’est une occasion de promouvoir l’utilisation des mils en raison de leur résilience face au changement climatique et de leurs bienfaits nutritionnels. Les variétés de cultures et les technologies que nous développons soutiennent cette cause », a-t-il souligné. En plus de la génération de technologies, l’ICRISAT est fortement engagé dans le renforcement des capacités par des formations à long et à court terme aux organisations de producteurs. « Aussi, plusieurs étudiants poursuivent leurs diplômes de maîtrise et de doctorat grâce aux donateurs qui fournissent un soutien financier », a fait savoir le directeur par intérim d’ICRISAT-Mali.
Créé en 1972, l’ICRISAT, en collaboration avec ses partenaires génère et partage des technologies de pointe. Selon Dr. Jumbo, ces ressources contribuent aux moyens de subsistance de plus de 300 millions de personnes parmi les plus démunies des régions semi-arides des pays en développement. D’après lui, l’Institut envisage des régions tropicales arides prospères, alimentaires et résilientes. Pour y parvenir, sa mission est de réduire la pauvreté, la faim, la malnutrition et la dégradation de l’environnement.
Cette journée a permis aux visiteurs de découvrir des nouvelles variétés de semences améliorées dans les champs de démonstration. La journée a été également l’occasion d’apprécier d’autres expériences de l’Institut dans le cadre son programme Smart Food qui promeut des recettes à base de variétés de sorgho, d’arachide et de mil à forte valeur nutritionnelle. Les visiteurs ont pu également voir des pratiques améliorées de gestion des ressources naturelles, de traitement et de stockage des semences, ainsi que de gestion des aflatoxines. Sur ce point, Dr Djeneba Konaté, responsable de recherche au programme de sélection de l’arachide à l’Institut a souligné que les aflatoxines constituent un problème sérieux dans le domaine de l’agroalimentaire. « C’est un groupe de mycotoxines sécrétées par certaines espèces de moisissures pathogènes, hautement toxiques et dangereuses pour la santé humaine et animale. Les produits agricoles et particulièrement l’arachide sont susceptibles d’être contaminés avant, pendant et après la récolte », a expliqué la spécialiste, qui a invité les producteurs à utiliser les bonnes pratiques agricoles et à l’utilisation de variétés tolérantes. Ces pratiques contribuent à réduire considérablement le risque de contamination par l’aflatoxine, a-t-elle dit. Avant de solliciter l’implication de tous dans la lutte contre la contamination des denrées alimentaires par les aflatoxines et de solliciter en particulier le soutien de l’Etat dans ce combat.
Travailler plus étroitement
A l’issue de la visite, le ministre Lassine Dembélé n’a pas caché sa satisfaction pour l’organisation réussie de cette journée. « Nous sommes dans un pays sahélien qui a ses réalités et, qui parle de Sahel, parle de déficit pluviométrique, de sensibilité aux effets du changement climatique », a-t-il expliqué. Pour lui, ce sont des phénomènes climatiques extrêmes qui sont de plus en plus fréquents chez nous et qui agissent directement sur les moyens d’existence notamment les productions agricoles et fourragères.
« Nous avons la chance d’abriter des institutions internationales qui interviennent sur ces thématiques », s’est réjoui le ministre Dembélé, qui a salué les efforts que fait l’ICRISAT depuis 1972 afin de développer des variétés qui sont adaptées à notre condition climatique et environnement hostile.
« Nous avons tout intérêt aujourd’hui à collaborer beaucoup plus étroitement avec ces institutions afin d’utiliser ces variétés et les mettre à la disposition du grand public », a souligné le ministre.
« Je crois que c’est une opportunité qui nous est offerte pour pourvoir changer le statut de notre production agricole. Les différentes recettes qui nous ont été présentées et qui sont à base de produits locaux sont de grande qualité nutritionnelle. Malheureusement, les combinaisons et les préparations ne sont pas maitrisées par l’ensemble de la population. Il faut œuvrer davantage, afin d’intégrer ces produits dans nos habitudes culinaires », a indiqué le ministre Lassine Dembélé, qui a beaucoup apprécié les recettes du Smart Food. Au Mali, l’initiative Smart Food bénéficie d’un soutien financier de l’Union Européenne (dans le cadre du projet UE-APSAN-Mali) et du Programme alimentaire mondial (dans le cadre de son paquet intégré de résilience). Smart Food est mis en œuvre par l’ICRISAT et ses partenaires notamment le Laboratoire de Technologie Alimentaire de l’Institut d’économie rurale (IER).
A noter que la journée a été marquée aussi par des donations de l’ICRISAT par le biais du projet ISSD-Sahel, financé par le Royaume des Pays-Bas et mis en œuvre sous le leadership de l’IFDC. L’IER a reçu des équipements de cuvage et de nettoyage de semences. Et le laboratoire de Niono qui avait des problèmes d’électricité a reçu des panneaux solaires et des batteries. Ont aussi part à cette journée, les représentants d’autres organisations internationales qu’abritent l’ICRISAT (WorldVeg, ICRAF, ILRI et IITA).
Fily Sissoko