Crise énergétique : Le silence incompréhensible des associations de défense des consommateurs

Depuis plusieurs  mois, les Maliens vivent un calvaire avec  les coupures intempestives d’électricité. La situation s’est aggravée après la sortie médiatique de la ministre de l’Energie et de l’Eau Mme Bintou Camara. Au cours d’une interview  à la télévision nationale, elle a fait le diagnostic des maux dont souffre la société Energie du Mali (EDM SA). Avant d’annoncer  des  mesures dans le sens  de l’amélioration de la fourniture en électricité. Après cette sortie médiatique, le constat général est que la situation a pris de l’ampleur avec des coupures qui prennent souvent toute la journée ou la nuit selon les quartiers et secteurs. Pendant que les populations dénoncent cette situation qui les pénalise sur tous les plans, elles n’ont entendu aucune  association de consommateurs  réagir dans ce sens  alors qu’il en existe au Mali.

Parlant des raisons de la dégradation de la fourniture de l’électricité à  EDM SA, la ministre Bintou Camara  a pointé au doigt accusateur sur le manque de rigueur dans la gestion, l’abandon  de  l’hydro-électricité et du solaire au profit  du  thermique qui utilise beaucoup de carburant surtout le fioul et le gasoil.

Selon la ministre,  les contrôles menés ont prouvé que quand le fioul est fourni, c’est  EDM uniquement qui l’utilise et il n’y a pas de fraude possible. Alors que pour le gasoil, il y a à boire et à manger. Elle dira que le gasoil qui vient pour EDM  est exonéré par l’Etat, mais le constat est que les ruptures sont souvent provoquées par les agents eux-mêmes. « Quand les citernes arrivent, tout est centralisé  à la centrale de Balingué et c’est à partir de là qu’il y a un dispatching vers les autres centrales surtout à Bamako et dans les régions », a-t-elle expliqué. Elle déplore que quand ces citernes arrivent, elles sont enregistrées. Après le dispatching et en cours de route, il y en a qui disparaissent. Et ce carburant volé est souvent revendu dans certaines stations de la place ou à des industries, moins cher.

Pour corroborer ses propos, elle dira qu’enquatre jours seulement, 59 citernes ont disparu entre Balingué et les différentes centrales de Bamako.

La ministre Bintou Camara a aussi révélé qu’il y a du vol au niveau de la facturation d’EDM SA. Après avoir posé le diagnostic du mal dont souffre la société, elle a pris certaines mesures dans  le sens de l’amélioration de la fourniture d’électricité. Pour ce faire, elle a décidé de réduire le nombre pléthorique de fournisseurs de carburants qui passe de 800 à quatre sociétés.  Ces sociétés fourniront désormais le carburant à travers un contrat suffisamment clair et avantageux pour les deux parties. Un système de gestion dénommé « Fuel Management » sera également mis en place pour permettre de surveiller et de contrôler à l’aide d’un compteur, le niveau de fuel où de gasoil fourni par les fournisseurs dans n’importe quelle centrale électrique du pays.

Les annonces faites et les mesures prises par la ministre Bintou Camara peinent à produire des résultats. Les coupures d’électricité se sont plutôt aggravées. Ces derniers jours, des quartiers ou secteurs de la capitale sont souvent privés d’électricité toute la journée ou toute la nuit. Pendant que les Maliens souffrent le martyre, les organisations de consommateurs censées les défendre restent silencieuses. Depuis le début de cette crise énergétique qui empêche de nombreux services, entreprises ou ateliers de travailler, aucune de ces organisations  n’a daigné  réagir pour au moins dénoncer cette situation.

Abdoul Sanogo