La création de l’Alliance des Etats du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) ajouté au retrait du Mali de tous les organes et instances du G5 Sahel y compris la Force conjointe est un coup dur dont cette organisation se relèvera difficilement.
Pour rappel, le G5 Sahel est un cadre institutionnel de coordination et de coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité, créé par cinq pays de la bande sahélo-saharienne à savoir le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
La région du Sahel connaît depuis quelques années des attaques terroristes contre les positions des militaires et les populations civiles. Des groupes armés terroristes présents dans les zones frontalières s’en prennent régulièrement à la population et aux institutions nationales, à travers des attaques coordonnées, en exploitant la porosité des frontières et l‘étendue des territoires.
En vue d’intensifier la lutte contre ces menaces pour la paix et la sécurité qui sont aussi des entraves au développement, les cinq États membres ont constitué une Force armée commune appelée Force conjointe du G5 Sahel.
Le 15 mai 2022, le Mali, l’un des membres fondateurs a décidé de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la Force conjointe. Selon les autorités maliennes, cela se justifie par le non-respect des décisions prises lors du sommet de février 2021 et la violation des textes de l’Organisation. Mais aussi, l’opposition de certains Etats membres à la présidence du Mali suite à des manœuvres d’un État extra-régional visant désespérément à isoler le Mali l’empêchant ainsi d’assumer la présidence tournante du G5-Sahel.
Attentes non comblées
Interrogé par nos confrères de l’Essor sur le bilan du G5 Sahel plus de 8 ans après sa création, Dr Aly Tounkara, expert défense et sécurité du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S) a indiqué que cette organisation n’a pas pu combler les attentes des Sahéliens en termes de securité et développement.
Après le retrait du Mali, le G5 Sahel était composé du Niger, de la Mauritanie, du Burkina et du Tchad. A la suite de ce retrait, le président déchu du Niger, Mohamed Bazoum disait au cours d’un entretien accordé à des medias français que le G5 Sahel est mort. Pour lui, avec ce retrait, le Mali s’isole en Afrique et prive le Sahel d’une stratégie concertée et coordonnée pour lutter contre le terrorisme.
Pendant ce temps, le président en exercice du G5 Sahel, le tchadien Mahamat Idriss Déby Itno invitait le gouvernement du Mali à reconsidérer sa position face aux efforts en cours visant à apporter une solution à ses préoccupations à travers la tenue imminente d’une conférence des chefs d’Etat et de gouvernement dans le pays du siège. Malgré cette demande, le gouvernement du Mali n’a pas changé de décision et est resté campé sur sa position. Avant de travailler au renforcement de ses relations de coopération en matière de défense et de sécurité avec le Burkina Faso puis avec le Niger qui connaissent les mêmes défis sécuritaires. Un grand pas a été franchi dans ce cadre avec la création le samedi dernier de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Après la création de cette Alliance, même si les deux autres pays n’ont pas formellement quitté le G5 Sahel, cette organisation ne comptera plus que le Tchad et la Mauritanie. Car le Mali, le Burkina Faso et le Niger vont concentrer leurs efforts à la lutte contre le terrorisme qui les touche depuis des années. Surtout que les réponses attendues en matière de securité par les populations de l’espace n’ont jamais été apportées par le G5 Sahel qui n’existe que de nom.
F. S