Dans son rapport annuel 2020 remis au chef de l’Etat hier, le Vérificateur général a épinglé l’Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM) pour des irrégularités financières s’élevant à la bagatelle de 830,44 millions de FCFA. Aussi, il est reproché à cette structure, des pratiques qui sont loin de répondre aux normes en la matière.
Au niveau de cette structure, la vérification financière du Vérificateur général a concerné les exercices 2016, 2017, 2018 et 2019. Selon le rapport, les irrégularités financières s’élèvent à 830,44 millions de FCFA. Il y est souligné que la Directrice Financière et Comptable de l’OPAM n’effectue pas un suivi régulier du recouvrement des frais de location des magasins. C’est ainsi que des locataires de magasins ont cumulé des retards de paiement des frais de location et les dossiers correspondants n’ont pas été transmis au service chargé du contentieux en vue d’engager la procédure contentieuse. Suite aux travaux de la mission de vérification, ladite Directrice a recouvré, à travers les services d’un huissier recruté à cet effet, un montant total de 19,68 millions de FCFA soit un reste à recouvrer de 60,91 millions de FCFA, précise le rapport.
Aussi, il est reproché à l’OPAM que les membres de la commission de réception ont accepté 100.425 sacs vides neufs en jute inappropriés pour l’ensachage des céréales pour un montant de 68,79 millions de FCFA. Egalement, la Direction Générale a revendu lesdits sacs pour un montant de 60,26 millions FCFA d’où une perte de 8,53 millions de FCFA. Aussi, le Vérificateur général a indiqué que la Directrice Financière et Comptable n’a pas appliqué des pénalités aux fournisseurs qui ont accusé des retards dans la livraison des commandes. Les pénalités non appliquées s’élèvent à 27,25 millions de FCFA sur lesquelles 1,03 million de FCFA ont été régularisés, soit un reliquat de 26,22 millions de FCFA à recouvrer.
Au titre des irrégularités administratives, le Vérificateur général déplore des dysfonctionnements du contrôle interne. En effet, la Direction Générale ne dispose pas de manuel de procédures validé par la Commission de suivi des systèmes de contrôle interne dans les organismes publics pilotée par le Contrôle Général des Services Publics. Aussi, elle n’a pas soumis des marchés au visa du contrôleur financier. Elle a ordonné l’exécution de 71 contrats non visés par le contrôleur financier dont 27 en 2016 et 44 en 2018, précise le rapport, ajoutant que l’OPAM ne dispose pas d’un agent comptable régulièrement nommé. Et c’est le Président Directeur Général qui a nommé une Directrice Financière et Comptable qui assure les attributions de l’agent comptable, par décision, en lieu et place d’un arrêté conjoint du ministre de tutelle et du ministre chargé des Finances. En plus de ces pratiques peu orthodoxes, la Direction Générale ne procède pas au contrôle phytosanitaire des céréales. A cet effet, elle n’a pu fournir aucun bulletin d’analyse et de vérification d’usage matérialisant l’effectivité du contrôle de la qualité phytosanitaire des céréales achetées pendant la période sous revue. Sans compter que la Direction Générale de l’OPAM n’a pas prévu de garantie de l’avance de démarrage dans trois marchés relatifs au transit et au dédouanement de riz. Elle n’a pas procédé à une mise en concurrence des fournisseurs lors du transport des céréales du stock national de sécurité des exercices 2016 et 2018 ainsi que lors des achats de ses biens. Ce n’est pas tout. La Direction Générale de l’OPAM n’a pas également mis en place des commissions de réception des céréales du stock national de sécurité. Les céréales achetées dans le cadre de ce stock sont admises en magasin sur la base d’un bon d’achat signé par le magasinier et le représentant du fournisseur en lieu et place d’une commission régulièrement constituée.
Comme si cela ne suffisait pas, la Direction Générale n’a pas soumis des marchés à la numérotation de la DGMP-DSP. Il s’agit de 19 marchés dont 4 de 2016 et 15 de 2018, exécutés sur financement de la Banque Islamique de Développement dans le cadre de la constitution du Stock d’Intervention de l’Etat. En plus de tout cela, la Directrice Financière et Comptable n’effectue pas de suivi régulier des comptes de dépôts à terme de l’OPAM dans les différentes banques. Pire, la même Directrice Financière et Comptable n’a pas reversé l’intégralité des recettes issues des ventes du Stock d’Intervention au Secrétariat Technique et Financier du Dispositif National de Sécurité Alimentaire. Le montant total des ventes de céréales non reversé durant la période sous revue s’élève à 734,77 millions de FCFA.
La Nouvelle Voie du Mali