Dans le cadre de son retrait, la Minusma a déjà libéré 04 camps rétrocédés à l’Armée malienne. Il s’agit des camps d’Ogossagou, de Ber, de Goundam et de Ménaka. Lundi, au cours de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur l’examen du rapport d’étape du secrétaire général sur le retrait de la Mission, le chef de la Minusma, El-Ghassim Wane a fait le point du processus. Devant les membres du Conseil, il a indiqué que ce retrait se déroule en deux phases jusqu’au 31 décembre. Et ces deux phases seront suivies de la période de liquidation qui commencera le 1er janvier 2024.
Selon El-Ghassim Wane, la première phase de retrait a commencé le 17 juillet dernier avec la fermeture des postes avancés les plus petits et les plus isolés. Et le 25 août s’est achevée cette première phase avec la fermeture du camp de Ménaka. Plutôt au cours de ce mois d’août dira-t-il, il y a eu fermeture de la base opérationnelle temporaire d’Ogossagou dans la région de Bandiagara. Aussi, les camps de Ber et de Goundam dans la région de Tombouctou ont été fermés. D’après lui, à la fin de la première phase, la Mission a rapatrié un total de 1096 personnes en uniforme dans leurs pays respectifs. Il a annoncé que la deuxième phase de réduction des effectifs se déroulera jusqu’au 15 décembre. Elle se concentrera sur la fermeture de six bases entre autres, Téssalit, Aguelhoc, Kidal, Ansongo, etc.
Avec ce retrait, les Forces armées maliennes (FAMa) sont déployées pour combler le vide laissé par la Mission onusienne. L’occupation des emprises de la Minusma par les FAMa est perçue comme une menace par les groupes armés terroristes et même les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Selon des sources locales, dans la région de Tombouctou, ces groupes armés percevraient plusieurs dizaines de millions par mois en prélevant des taxes sur le trafic des marchandises et sur les frais de traversée du Bac. La Minusma ne le gênait pas dans leurs actions. Le redéploiement de l’Armée après le retrait de la Mission onusienne va donc mettre fin à ce désordre. C’est pourquoi, ces groupes armés dans une complicité sont en train de tout faire pour empêcher l’Armée d’occuper ces emprises cédées par la Minusma et de s’acquitter de sa mission régalienne de sécurisation des personnes et de leurs biens. Dans la région de Tombouctou, des actions sont en cours de la part de ces groupes armés coalisés pour freiner l’Armée malienne dans son élan.
Ce fut le cas lors du mouvement de l’Armée vers le camp de Ber le 13 août dernier. Aussi, les groupes armés ont entrepris d’autres actions contre les populations civiles à cause de la présence de l’Armée à Ber. Ces actions ont consisté en des tirs d’obus en direction de la ville de Tombouctou et du camp de la garde. Si les premiers tirs, qui n’ont pas atteint la ville, n’ont fait aucune victime ni de dégâts matériels, les deuxièmes ont fait des blessés. Des sources locales ont même annoncé le décès d’une fillette de 10 ans qui aurait succombé à ses blessures.
Un blocus imposé par les groupes armés
D’après ces sources locales, les groupes armés terroristes ont imposé un blocus sur la ville de Tombouctou en interrompant le trafic sur les principales routes d’approvisionnement, entraînant ainsi une augmentation des prix des produits de grande consommation comme l’huile, les céréales, le carburant. Selon nos sources, ce blocus est une réponse au départ de la Minusma qui a rétrocédé son camp à l’Armée malienne. Les groupes armés terroristes qui voient cela comme une menace pour leur avenir et n’ayant pas pu empêcher les FAMa de prendre possession du camp de Ber après des accrochages meurtriers, ont décidé de se venger des populations civiles. Ce faisant, ils ont bloqué les routes sur lesquelles transitent les marchandises à destination de Tombouctou. Nos sources soutiennent que souvent, les véhicules sont vidés de leurs chargements et les passagers dépouillés de leurs biens. Cette situation a déjà causé la flambée des produits de grande consommation comme le riz, l’essence, l’huile, etc. Un camion-citerne rempli d’essence qui a tenté de forcer le passage le 27 août dernier a été incendié par des hommes armés près de l’entrée de la ville de Tombouctou.
Cette attitude des groupes armés prouve clairement que la présence de la Minusma les arrangeait plus que celle de l’Armée. Car, avec la montée en puissance des FAMa qui disposent aujourd’hui de moyens sophistiqués et de vecteurs aériens, ce désordre que les populations subissaient dans la région de Tombouctou et ailleurs depuis des années sera bientôt un vieux souvenir.
Seydou Traoré