Dans le cadre du retrait de la Minusma, les Forces armées maliennes (FAMa), malgré les obstacles savamment orchestrés par les ennemis de la paix, continuent leur progression pour l’occupation des sites qui étaient occupés jusque-là par la Mission onusienne. Plusieurs incidents déjà enregistrés n’ont pas freiné l’élan des militaires maliens dont la présence rassure les populations.
Le dernier incident en date est survenu le dimanche dernier. L’exploitation des renseignements a permis à un convoi de ravitaillement des FAMa quittant Tombouctou pour Ber vers 12 heures, de déjouer deux attaques complexes. L’information a été donnée par l’Armée qui souligne que la promptitude de la réaction et les frappes aériennes FAMa ayant visé des véhicules armés dans le secteur ont dérouté les terroristes. Côté FAMa, le bilan fait état de trois blessés, un camion fortement endommagé par le souffle de l’explosion de l’engin explosif improvisé (EEI) détruit sur place.
« 11 terroristes neutralisés, un pickup calciné, deux PKM, un LRAC, une mitrailleuse 12,7 mm, six PM, cinq motos, trois radios et beaucoup de munitions ont été récupérés », a précisé l’Armée dans son communiqué, tout en ajoutant qu’au cours de leur progression, dans un village abandonné à 15 km à l’Ouest de Ber, un guetteur habillé en tenue militaire FAMa a été neutralisé.
La hiérarchie militaire a relevé que les actions de fouilles préliminaires menées par les FAMa depuis leur arrivée à Ber ont permis de rassurer les populations. Au cours de ces actions, le bilan est de quatre suspects interpellés et mis à la disposition de la prévôté pour enquêtes. S’y ajoutent trois pick-up abandonnés par l’ennemi avec supports de bitube 14,5 mm, deux mitrailleuses de 12,7 mm, des boîtes chargeurs de 14,5 mm, une carabine chinoise. Mais aussi des munitions de calibre 12,7 mm et 7,62 mm en vrac, un chargeur Motorola, des drapeaux terroristes, des tenues et beaucoup d’autres effets militaires récupérés.
L’Armée malienne a annoncé le retour progressif de la population rassurée et qui entretient un bon climat avec les FAMa. Cela, après le basculement des camps de Ber et Goundam (Région de Tombouctou) entre leurs mains.
Auparavant, l’Armée avait informé le vendredi 18 août aux environs de 08 h50, de tirs d’obus en direction de la ville de Tombouctou par les groupes armés terroristes, perturbant la quiétude des populations. Cette attaque n’a fait aucune victime ni de dégâts.
Il faut rappeler que depuis le dimanche 13 août aux environs de 08h30, les FAMa ont pris possession du camp de Ber rétrocédé par la Minusma, après de nombreux incidents ayant émaillé leur mouvement. Dans un communiqué publié le même jour, l’état-major général des Armées a indiqué que le vendredi 11 août, une tentative d’incursion dans le dispositif et des tirs de harcèlement contre le convoi FAMa a fait un bilan d’un mort et quatre blessés côté ami. « Les assaillants ont abandonné sur le terrain 04 corps, plusieurs motos et des matériels militaires », a fait savoir la source militaire, soulignant que le samedi 12 août, le bilan des affrontements a évolué, avec côté FAMa six morts et quatre blessés. Dans leur débandade, les terroristes ont abandonné 24 corps, 18 AK-47 et 12 motos.
12 sites à rétrocéder
La Minusma est donc en train de quitter le Mali après une décennie de présence au cours de laquelle, elle a établi 12 camps dans le Nord et le Centre du pays en plus de son Quartier général à Bamako. Le retrait de la Mission et la rétrocession de ces emprises à l’Armée malienne n’est pas du goût des groupes terroristes et mêmes de certains groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Ces groupes armés, avec la montée en puissance des FAMa, craignent pour leur avenir après le départ de la Minusma. D’où ces actions désespérées qu’ils posent en vue de perturber la quiétude des populations et freiner l’élan de l’Armée. Selon certaines sources proches des mouvements armés du Nord du pays, c’est la mobilisation générale du côté de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et de ses alliés du CSP (Cadre stratégique permanent) qui seraient en train d’entreprendre des actions en vue de stopper l’élan des FAMa. Leur destination prochaine serait la région de Gao pour empêcher toute avancée de l’Armée malienne vers les emprises de la Minusma dans la région de Kidal notamment à Aguelhoc, Téssalit et Kidal ville.
Malgré les entraves orchestrées dans une complicité à peine voilée que l’Armée malienne connait dans ses mouvements, elle est dans une offensive sans précèdent afin d’occuper les sites cédés par la Mission onusienne dans le but d’assumer sa mission régalienne de sécurisation du territoire, des personnes et de leurs biens.
C’est à juste titre que le président du Conseil National de Transition (CNT), dans son discours de clôture de la session extraordinaire d’août 2023 a déploré ces incidents ayant émaillé les mouvements des FAMa qui ont pris possession du camp de Ber le dimanche 13 août. « Nous ne sommes pas dupes. Nous savons que derrière ces incidents savamment médiatisés se cachent des nostalgiques de tout poil et tout acabit. Nos FAMa, de façon méthodique et professionnelle continueront leur occupation des emprises de la Minusma », a déclaré le colonel Malick Diaw.
Sur le même sujet, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a également prévenu le vendredi dernier, lors d’une séance de travail avec une délégation onusienne conduite par le patron des opérations de maintien de paix de l’ONU Jean-Pierre Lacroix, que dans le processus de réoccupation de ces camps, le Mali n’est dans un acte de belligérance à l’égard de qui que ce soit. Il a invité les uns et les autres à ne pas entraver ce processus de sécurisation et de reprise en main du pays par l’Armée nationale. Le même vendredi à l’issue d’une audience accordée à la délégation onusienne, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a qualifié l’incident de Ber comme un acte d’intimidation des autorités de la Transition.
Après Ber, la Minusma a aussi fermé son camp à Goundam dans la même région de Tombouctou. Cette base a été formellement transférée à l’État malien à travers le gouverneur Bakoun Kanté. La prochaine emprise que la Mission onusienne quittera est celle de Ménaka. La fermeture de cette base vers la fin de ce mois marquera la conclusion de la première phase du plan de retrait de la Minusma.
S. Sidibé