Les pluies qui ont arrosé la capitale et ses environs le mercredi 20 juillet dans l’après-midi prouvent à suffisance que l’hivernage s’est bien installé. Et déjà, les routes deviennent impraticables dans la ville des trois caïmans. Pour cause, les eaux pluviales débordent des caniveaux et viennent s’installer sur les voies. Le risque d’inondations est très grand cette année au regard du volume des dernières pluies, selon plusieurs observateurs.
Le constat général qui se dégage est que malheureusement, le curage des caniveaux n’a pas réussi à changer la donne dans notre capitale. Les populations de nombreux quartiers de Bamako vivent la peur au ventre dès que le ciel s’assombrit.
Vers 17 heures, les agents de l’AMAP avaient encore les pieds dans l’eau lors de cette journée pluvieuse. A côté, la BDM a mobilisé les agents de la Protection civile de Dravela pour leur venir en aide. Tout le monde cherchait alors à rejoindre son domicile dans le brouhaha de la circulation. Les réparateurs de motos étaient débordés. Au niveau de l’ACI 2000, aux environs de 18 heures, les voies étaient inondées par les eaux de pluie.
Oumar N’Faly Camara, chef du Service d’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances au niveau de la Commune IV pointe un doigt accusateur sur l’insuffisance des ouvrages et leur mauvaise conception. Selon lui, le réseau de drainage des eaux pluviales de la commune IV est insuffisant et mal conçu. « Cela ne permet pas de drainer toutes les eaux normalement. C’est pourquoi, quand il pleut, l’on constate les stagnations importantes comme des mares dans certains endroits », déplore-t-il.
Selon le chef de service d’Assainissement de la Commune IV, avant, les principaux collecteurs étaient curés chaque année. « Compte tenu de la crise que nous vivons, on a pu prendre en charge que trois principaux collecteurs qui sont ceux du marigot de Woyowayanko, de l’Avenue Mohamed VI et celui de Sébénikoro. Ce sont les collecteurs qui ont été retenus cette année », fait savoir Oumar N’Faly Camara.
Le ministère des Transports et des Infrastructures alerte dans son rapport présenté au Conseil des ministres le mercredi 20 juillet, que les inondations sont provoquées par la déviation des eaux des collecteurs naturels suite à l’occupation anarchique des emprises.
Les eaux passent par les collecteurs naturels comme Molobalini-kô, Missabougou et sous le pont tordu à Kalaban Coura. « Ces collecteurs naturels font l’objet d’occupation anarchique par des personnes qui ont construit des clôtures et des maisons dans les servitudes des cours d’eau, déviant complètement les eaux de pluies de leurs chemins naturels », déplorent les services techniques. Ajoutant que cette situation occasionne régulièrement des dégâts importants sur les routes, dans les concessions, les commerces, ainsi que les équipements collectifs riverains.
Le Conseil des ministres a donc décidé de la mise en place d’une Commission technique qui aura pour mission d’identifier les personnes ayant construit dans les lits des cours d’eau. Il s’agit aussi de vérifier les titres de propriété des constructions et de proposer les mesures de libération des cours d’eau et de leurs servitudes. Egalement, cette commission se chargera de proposer les aménagements éventuels nécessaires en termes d’ouvrages d’assainissement. En attendant, tout laisse croire que la menace d’inondation plane. Les prévisions annoncent que la pluie va continuer à arroser la capitale et ses environs au moins jusqu’en septembre.
S. Sidibé