En vue de trouver un compromis entre les aspirations du peuple malien et les exigences de la communauté internationale, le gouvernement du Mali dit avoir eu des consultations, les vendredi 18 mars et samedi 19 mars 2022, avec le médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), accompagné du président de la Commission et le Comité local de suivi de Transition. Ces consultations se tiennent à la suite de la note verbale du 26 février de la représentation de la CEDEAO envoyée au gouvernement du Mali et communiquant une proposition de chronogramme pour une Transition de 12 à 16 mois.
En réponse, dans un communiqué publié le dimanche 20 mars, il ressort que le gouvernement a déploré le fait que cette proposition de la CEDEAO est essentiellement électoraliste et ne prend pas en compte les aspirations légitimes de réformes politiques et institutionnelles exprimées par le peuple malien.
Suite à la crise politique ayant emmaillé les élections présidentielles de 2018, rappelle le gouvernement, une mission ministérielle de la CEDEAO a conclu, le 19 octobre 2018, qu’il est impératif que les autorités et tous les acteurs socio-politiques conviennent, de manière consensuelle, « d’entreprendre des réformes courageuses des cadres légaux, y compris la Constitution de févier 1992 et du système électoral avant de s’engager dans les prochaines échéances électorales que compte mener le pays ».
Selon le communiqué, le gouvernement a produit et soumis un chronogramme révisé comprenant des actions relatives aux réformes politiques et institutionnelles, ainsi que des actions détaillées relatives aux élections avec un délai de trente-six (36) mois pour la Transition. Malheureusement, poursuit le gouvernement, « cette proposition n’a pas été acceptée par le médiateur ».
A la suite d’échanges fructueux, aux termes desquels, la pertinence des reformes a été reconnue par la CEDEAO, le gouvernement a proposé un nouveau délai de vingt-neuf mois mais que le colonel Assimi Goïta a ramené à 24 mois, annonce le document. « Ce nouveau délai incompressible aux yeux des autorités du Mali n’a pas reçu l’assentiment du médiateur de la CEDEAO et de sa délégation qui sont restés sur leur position », souligne le communiqué.
Le gouvernement regrette cette absence de compromis à ce stade pour une Transition dont l’objectif est de poser les jalons de la refondation du Mali, puis de mettre en place un nouvel ordre constitutionnel, gage de paix, de stabilité durable et de bonne gouvernance.
« Manifestement, la CEDEAO n’a toujours pas suffisamment pris en compte la complexité des enjeux auxquels le Mali est confronté et les aspirations profondes de son peuple déterminé à prendre son destin en mains », déplore le texte.
Le gouvernement dit avoir exprimé et illustré sa bonne foi et sa détermination à trouver une solution consensuelle avec la CEDEAO, en témoigne l’invitation adressée au médiateur de la Communauté ouest africaine pour la tenue des consultations à Bamako ce week-end. Et d’insister que ce soit également sur initiative du gouvernement du Mali qu’un mécanisme de concertation avec la CEDEAO et la Communauté internationale a été mis en place le 9 février 2022. « Ce mécanisme a notamment permis de procéder à une évaluation technique conjointe du chronogramme de la Transition au Mali », relève le porte-parole du gouvernement.
Le gouvernement dit avoir besoin de rapidement avancer sur la mise en œuvre des actions prioritaires et urgentes exprimées par le peuple. Il remercie le médiateur pour son engagement et réitère sa disponibilité à poursuivre le dialogue. Mais aussi à trouver une solution avec la CEDEAO et la communauté internationale dans l’intérêt supérieur des peuples d’Afrique de l’ouest qui souffrent collectivement des conséquences des sanctions illégales, illégitimes et inhumaines prises à l’encontre du Mali.
S. Sidibé