Le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, le Colonel Sadio Camara a représenté le Mali à Moscou en Russie, à la 11ème conférence sur la sécurité internationale.
Dans un discours poignant, le ministre en charge de la Défense a indiqué qu’il est regrettable de constater qu’encore aujourd’hui alors que l’Afrique reste totalement inondée par les grands problèmes mondiaux, que les puissances étrangères continuent de dicter les modes de gestion des problèmes aux africains. Pour Sadio Camara, l’actualité le montre encore avec les crises au Mali, au Burkina Faso et au Niger, Etats centraux du Sahel liés par la géographie, l’histoire et la sociologie. Le Colonel Sadio Camara a rappelé les raisons et l’échec des initiatives de coopérations militaires expérimentées pour les maîtriser. Pour lui, notre région est confrontée à une violence d’une rare portée dans son histoire qui se manifeste par des agissements de certains acteurs internes et externes qu’il classe selon leur motivation en groupes armés terroristes, groupes criminels transnationaux D’après Sadio Camara, ces phénomènes néfastes ne sont que des symptômes superficiels d’un mal dont la racine est bien plus profonde.
Sous prétexte de politiques libérales d’ajustement structurel, il dira que les systèmes éducatifs africains ont été détruits et les systèmes de sécurité désarmés par l’ancien maître désormais reconverti en partenaire stratégique. Le ministre Camara déplore que ce même partenaire stratégique qui agit seul continue de renforcer sa domination et d’entretenir la dépendance. Mieux, il soutient que toujours disposé à donner des leçons d’humanité, ce dernier s’appuie sur des leaders qu’il manipule pour ses intérêts souvent liés à l’exploitation des ressources naturelles. Le ministre de la Défense a rappelé l’attaque contre la Libye en 2011 qui est la parfaite illustration de cette pratique mafieuse. D’après lui, cette stratégie préméditée de déstabilisation du Sahel a fait du Mali la première victime, malheureusement sous les regards moqueurs et condescendants des voisins inconscients du danger qui le guette. Il dira que le feu s’est étendu dans toute la région et « nous vivons encore aujourd’hui les conséquences de cette tragédie ».
Le ministre Camara pense que pour affronter ces défis, les pays africains ont peu de chance de réussir tant qu’ils avancent en rangs dispersés. Il assure que la seule solution pour les africains de faire une politique réellement africaine concertée, fondée sur les réalités et les besoins des peuples africains, est d’avoir le courage de défendre leurs intérêts surtout lorsque ceux-ci sont opposés à ceux des puissances extérieures à l’Afrique. D’après Sadio Samara, le Mali a fait le choix courageux et lucide de changer sa stratégie sécuritaire après avoir fait le constat réaliste de l’échec des stratégies imposées, caractérisées par le déploiement de dizaines de milliers de militaires étrangers sans impact positif pour les populations. Pour lui, le peuple malien a décidé de prendre son destin en main et de construire son autonomie avec des partenaires plus fiables et sincères dont les intérêts sont transparents et clairement exprimés dans le cadre d’une relation gagnant-gagnant. Il estime que ce que le Mali a fait à sa modeste échelle peut-être fait en grand par les pays africains.
Fily Sissoko