Les dernières pluies qui ont arrosé la capitale et ses environs prouvent à suffisance que l’hivernage s’est installé. Et déjà, les routes deviennent impraticables dans la ville des trois caïmans. Pour cause, les eaux pluviales débordent des caniveaux et viennent s’installer sur les voies. Le risque d’inondations est très grand cette année vu l’intensité des dernières pluies, selon plusieurs observateurs.
Cette semaine, des quantités importantes de pluies se sont abattues sur Bamako et environs. En prélude à cette saison pluvieuse, le gouvernement avait lancé une campagne de sensibilisation pour le renforcement de l’engagement collectif et individuel par l’adoption de comportements quotidiens adéquats, nécessaires à l’amélioration de la qualité du cadre de vie et de l’environnement. Et cela, à travers la communication sur les enjeux et les défis environnementaux auxquels notre pays est confronté. D’où une réelle implication de l’ensemble des acteurs en faveur de la protection de l’environnement. Toute chose qui consiste à curer les caniveaux, considérés comme le meilleur moyen d’empêcher la stagnation des eaux de pluie pendant l’hivernage. Mais force est de constater qu’après le curage, les déchets enlevés de ces caniveaux trainent plusieurs jours avant évacuation. Ainsi, certains détritus retournent dans les fosses où ils ont enlevés, faute d’évacuation, à la moindre pluie.
Le constat général qui se dégage est que malheureusement, le curage des caniveaux n’a pas réussi à changer la donne dans notre capitale. Car à la moindre forte pluie, les populations de nombreux quartiers de Bamako vivent la peur au ventre. Leurs pieds sont dans les eaux qui cherchent vainement à s’écouler. Le constat est palpable et visible. Le mercredi dernier après une journée de pluie, sur le long de la voie menant à Hamdallaye ACI 2000, les bordures des caniveaux étaient invisibles. Ce qui représente un réel danger pour la vie des populations.
Oumar N’Faly Camara, chef du Service d’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances au niveau de la Commune IV pointe un doigt accusateur sur l’insuffisance des ouvrages et leur mauvaise conception. Selon lui, le réseau de drainage des eaux pluviales de la commune IV est très insuffisant et mal conçu. « Cela ne permet pas de drainer toutes les eaux normalement. C’est pourquoi, quand il pleut, l’on constate les stagnations importantes comme des mares dans certains endroits », déplore Oumar N’Faly Camara.
Le gouvernement est accusé de négligence. Mais pour le chef de Service d’Assainissement, l’ensemble des principaux collecteurs étaient curés chaque année par le ministère de l’Environnement. « Compte tenu de la crise que nous vivons, on a pu prendre en charge que trois principaux collecteurs dont le collecteur naturel du marigot de Woyowayanko, de l’Avenue Mohamed VI et celui de Sébénikoro. Ce sont les collecteurs qui ont été retenus cette année », fait savoir Oumar N’Faly Camara.
Selon un rapport de situation des Nations unies, des interventions sont à prioriser afin de briser le cycle récurent des inondations comme le curage des caniveaux pour l’écoulement des eaux de ruissellement, la construction des digues autour des agglomérations urbaines à risque et la sensibilisation de la population sur les risques de construire dans les zones d’inondations.
Abondant dans le même sens, Oumar N’Faly Camara souligne le mauvais comportement de certaines populations. Pendant que les uns curent, d’autres viennent déverser le contenu de leurs poubelles dans les caniveaux. Pour lui, il faut que la population ait le réflexe de s’impliquer à la salubrité de son environnement. Cela, à travers l’organisation des journées de salubrité dans tous les quartiers et les communes du District de Bamako. Pour M. Camara, c’est ce qui permettra aux populations de prendre conscience de l’état d’assainissement de leur secteur et d’agir. C’est également ce qui amènera un changement de comportement envers l’environnement et éviter d’éventuelles inondations.
S. Sidibé