Au lendemain du coup d’Etat contre le président Mohamed Bazoum, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait brandi la menace d’une intervention militaire pour restaurer l’ordre constitutionnel en rétablissant le chef d’Etat déchu dans ses fonctions. Ils ont aussi infligé de lourdes sanctions économiques contre ce pays.
En réaction, les gouvernements du Mali et du Burkina Faso ont exprimé leur solidarité au peuple du Niger. Avant d’exprimer leur refus d’appliquer ces sanctions. Les autorités malienne et burkinabè ont aussi averti que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre les deux Etats. Elles ont par ailleurs prévenu que toute intervention militaire au Niger entrainerait un retrait du Burkina et du Mali de la Cedeao ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux Forces armées et au peuple du Niger. La Guinée, un autre pays de la Cedeao s’était désolidarisée de ces sanctions infligées contre le Niger.
Par la suite, l’Algérie s’est dite opposée à toute action militaire, convaincue qu’une solution politique négociée demeure encore possible et que toutes les voies qui peuvent y conduire n’ont pas été empruntées. Tout comme l’Algérie, le Togo qui est l’un des pays de la Cedeao désapprouve toute intervention militaire au Niger. S’exprimant à la tribune de la 78ème Assemblée générale de l’ONU, le ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey a souligné que le Togo est un pays de paix qui s’oppose à la guerre quelles que soient ses raisons. Cette déclaration se démarque clairement de la position de la Cédéao. S’exprimant également à la tribune des Nations unies, le président algérien avait réitéré la position de son pays contre toute intervention militaire extérieure au Niger. Et contrairement à la menace que l’organisation a brandie au lendemain du coup d’Etat à Niamey, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu, président en exercice de la Cedeao, a indiqué à la tribune des Nations unies que des négociations se poursuivent avec les autorités militaires nigériennes pour un retour à l’ordre démocratique. Il n’a fait mention d’aucune intervention militaire comme envisagée par l’organisation communautaire.
Pendant ce temps, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont créé l’Alliance des Etats du Sahel (AES) pour établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle. Avec cette Alliance, les trois pays s’engagent à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et la criminalité en bande organisée dans leur espace commun. Ils œuvreront en outre à la prévention, à la gestion et au règlement de toute rébellion armée ou autre menace armée portant atteinte à l’intégrité du territoire et à la souveraineté de chacun des pays membres de l’Alliance en privilégiant les voies pacifiques et diplomatiques et en cas de nécessité, ils useront de la force pour faire face aux situations de rupture de la paix et de la stabilité. Aussi, toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire d’une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres pays et engagera un devoir d’assistance et de secours de toutes les parties de manière individuelle ou collective y compris l’emploi de la force armée pour rétablir et assurer la securité au sein de l’espace couvert par l’Alliance.
La France qui était en bras de fer avec Niamey, ne reconnaissant pas les nouvelles autorités, a fini par accepter le départ de son ambassadeur et des troupes françaises du Niger. Et Paris serait aujourd’hui en pourparlers avec Niamey pour définir les modalités de retrait des troupes françaises du sol nigérien. L’intervention militaire qui était annoncée pour rétablir le président déchu Mohamed Bazoum dans ses fonctions au Niger se trouve ainsi renvoyée aux calendes grecques.
A. Sanogo