Médiation de l’Algérie dans la crise malienne : Les faits donnent raison à Assarid Ag Imbarcaouane

Il y a dix  ans, l’ex-député de Gao et actuel 1er vice-président du Conseil national de Transition (CNT) avait exprimé sa réticence quant au choix de l’Algérie pour conduire la médiation dans la crise malienne. Assarid Ag Imbarcaouane disait en son temps, qu’il ne fallait pas dessaisir le Burkina Faso de la médiation au profit de l’Algérie. Il avait prévenu qu’avec l’Algérie, le problème malien ne finira pas.

Assarid Ag Imbarcaouane s’était montré déçu et inquiet parrapport aux propos que le chef de la diplomatie malienne d’alors a tenus à Addis Abeba où il avait accompagné le président de la République au sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine. A la question de savoir si la médiation algérienne sonne la fin de celle du Burkina Faso, le ministre Zahabi avait déclaré aux médias qu’il estime que le Burkina ne doit pas s’offusquer car, « on est médiateur quand on vous sollicite». Il avait ajouté quetous ceux qui connaissent les dossiers savent que l’Algérie est incontournable dans celui-ci.

En réaction à ces propos, Assarid Ag Imbarcaouane avait déclaré à la presse qu’il ne souhaite pas que le Burkina Faso soit dessaisi du dossier et qu’il faut que Blaise Compaoré reste le médiateur puisque c’est lui que la Cédéao a désigné. Selon lui, « le Burkina Faso nous a aidés au moment où personne ne voulait même regarder vers le Mali. Ce qui n’a pas été le cas de l’Algérie».

Assarid Ag Imbarcaouane avait ajouté que c’est Blaise Compaoré qui a accepté de loger les rebelles, histoire de pouvoir trouver une solution à la crise. L’ex-député avait mis en doute la bonne foi de l’Algérie pour plusieurs raisons. Selon lui, le territoire algérien sert de base arrière aux rebelles pour attaquer le Mali. Il a dénoncé aussi le fait que l’Algérie n’a pas respecté ses engagements dans l’Accord d’Alger de 2006. Toujours pour prouver le manque de sincérité de l’Algérie dans la crise malienne, Assarid Ag Imbarcaouane avait rappelé qu’elle a une fois refusé d’approvisionner en vivres les soldats maliens qui étaient pris dans l’étau des rebelles. Et qu’il a fallu que les Etats-Unis volent à leur secours.

Par ailleurs, Assarid Ag Imbarcaouane avait soutenu que le Burkina Faso a un contingent au Mali dans la lutte contre les djihadistes, ce qui n’est pas le cas de l’Algérie.

Aujourd’hui, les faits semblent avoir donné  raison au 1er vice-président du CNT concernant le comportement de l’Algérie. Pour rappel, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop avait convoqué le 20 décembre dernier, l’ambassadeur d’Algérie au Mali pour élever une vive protestation du gouvernement suite à des « actes inamicaux » posés par les autorités algériennes sous le couvert du processus de paix au Mali. Le chef de la diplomatie malienne avait indiqué que ces actes constituent une ingérence dans les affaires intérieures du Mali. Avant d’inviter la partie algérienne à privilégier la voie de la concertation avec les autorités maliennes, seules légitimes pour entretenir des échanges d’Etat à Etat avec les partenaires du Mali. Les deux pays ont par la suite rappelé leurs ambassadeurs pour consultation. Après cette tension diplomatique, les autorités maliennes ont dénoncé par le biais d’un communiqué le jeudi dernier,  la main cachée des autorités algériennes dans une manœuvre consistant à imposer un chapitre sur le Mali dans le document final du sommet du Mouvement des non-alignés qui s’est tenu récemment à Kampala en Ouganda sans le consentement du Mali. Dans le même communiqué, le gouvernement dit constater avec une vive préoccupation, une multiplication d’actes  inamicaux, des cas d’hostilité et d’ingérence dans les affaires intérieures au Mali par les autorités algériennes, portant atteinte à la sécurité nationale et à la souveraineté du pays.

A. Sanogo