Retrait des pays de l’AES de la Cedeao : Une décision très bien réfléchie, selon le chef d’Etat burkinabè

Dans une interview accordée au journaliste Alain Foka, le chef d’Etat burkinabè le Capitaine Ibrahim Traoré a répondu à une question sur les motivations du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Selon lui, la Cedeao n’a pas soutenu les trois pays dans la lutte contre le terrorisme et n’a pas respecté ses propres valeurs en imposant des sanctions. Pour le Capitaine Traoré, ce n’est pas de gaieté de cœur que les trois Etats tournent le dos à cette organisation. Mais, c’est à l’issue d’une analyse profonde.  « Cette organisation est née en 1975 avec des chefs d’Etat pour la plupart militaires d’ailleurs. En tout cas pour ce qui concerne l’AES, ils étaient tous militaires. Je pense que c’était une volonté d’intégrer les peuples, de faire de l’épanouissement de l’économie, de la solidarité et de l’entraide, des vertus panafricanistes qui ont conduit  les chefs d’Etat à créer cette organisation. Malheureusement, au fil du temps, l’organisation a perdu ses valeurs », a expliqué le Capitaine Ibrahim Traoré. D’après lui, aujourd’hui, le constat est clair. Depuis plus d’une décennie, les Républiques sœurs du Mali et du Niger sont en guerre contre le terrorisme. Et le Burkina, bientôt près d’une décennie est en guerre. « De cette organisation qui était censée donc créer l’entraide, la solidarité, nous n’avons jamais reçu d’aide. Aucun soldat, aucune logistique, aucune compassion », a déploré le chef d’Etat burkinabè.

A la question de savoir si ce départ de la Cedeao est bien réfléchi ou si ce n’est pas un coup de colère, le Capitaine Traoré répondra que c’est très bien réfléchi. « Si c’était un coup de colère, on l’aurait fait depuis longtemps, dès le premier moment de certaines sanctions. On a pris le temps d’analyser la situation, de peser beaucoup de choses et enfin de décider. Le peuple a été assez résilient, il a souffert. Donc pendant ce temps, on pouvait décider dans la colère. Maintenant, on a pris le temps d’observer, d’analyser la situation et de nous convaincre nous-mêmes de nos forces avant de décider », a expliqué le dirigeant burkinabè.

Pour rappel, après avoir créé l’Alliance des Etats du Sahel (AES)  pour faire face ensemble aux défis sécuritaires qu’ils traversent, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé  le 28 janvier dernier, leur retrait de la Cedeao. Ils ont envoyé chacun  une notification formelle de ce retrait à l’organisation sous-régionale.

G. Diarra