En visite de travail à Niamey, la délégation conjointe du Mali et du Burkina Faso conduite par les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont réaffirmé leur volonté de mener ensemble avec le Niger, le combat contre le terrorisme et l’extrémisme violent qui sévissent dans les trois pays.
Ces trois Etats sont confrontés au même défi terroriste. Il y a quelques années, leurs Armées faisaient des opérations conjointes dans la zone dite des trois frontières contre les groupes armés terroristes. Cette coopération militaire qui produisait des bons résultats a été mise à mal depuis l’arrivée au pouvoir du président Mohamed Bazoum au Niger à travers certaines prises de position contre les autorités de transition au Mali et au Burkina Faso. Au cours d’un séjour à Paris, le président Bazoum, parlant des autorités maliennes avait déclaré que « il ne faut pas permettre que des militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front où ils devraient être et que des colonels deviennent des ministres et des chefs d’Etat ». Il avait ajouté que ces coups de force cachent souvent les échecs de l’Armée sur le terrain. Bazoum avait aussi cautionné certaines déclarations « inamicales » de certains hauts responsables nigériens, suscitant la colère de Bamako et de Ouagadougou. Ce fut le cas lorsque l’ancien ministre nigérien des Affaires étrangères, Hassoumi Massaoudou, a critiqué la prise du pouvoir par les militaires au Mali, les accusant de patriotisme frelaté.
« Nous ne comprenons pas que des chefs militaires qui ont échoué sur le terrain de la guerre, prennent le pouvoir politique et au nom d’un patriotisme frelaté, font appel à des mercenaires pour défendre l’intégrité de leur territoire…. ». Cette déclaration de l’ex-chef de la diplomatie nigérienne avait suscité la colère de Bamako. Aussi, la déclaration du Général Mahamadou Tarka, alors président de la Haute autorité à la consolidation de la paix au Niger avait aussi envenimé la tension diplomatique. Cet officier général nigérien, dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, a accusé ouvertement les autorités maliennes et burkinabè de s’être isolées de la communauté internationale. Selon lui, « elles se gargarisent de slogans creux et font la guerre à coups de communiqués mensongers et de propagande sur les réseaux sociaux. Le réveil n’en sera que plus douloureux… », avait déclaré le Général Tarka. Ces différentes sorties avaient créé des tensions diplomatiques entre les trois pays et la coopération militaire entre les Armées avait pris un sacré coup.
Mutualiser les efforts
Le 26 juillet dernier, des officiers nigériens regroupés au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ont renversé le régime du président Mohamed Bazoum. Ces nouvelles autorités qui ont bénéficié du soutien du Mali et du Burkina Faso face à la menace d’intervention de la Cedeao pour rétablir le président Bazoum, sont décidées à rétablir les relations entre les trois pays dans tous les domaines surtout la coopération militaire dans la lutte contre le terrorisme.
En visite de travail à Niamey le 24 août dernier, une délégation conjointe du Mali et du Burkina Faso conduite par les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont réaffirmé leur volonté de mener ensemble avec le Niger, le combat contre le terrorisme et l’extrémisme violent qui sévissent dans les trois pays.
Sur le plan sécuritaire, les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont réaffirmé leur engagement à mutualiser leurs moyens pour combattre les menaces terroristes et l’extrémisme qui sévissent dans les trois pays frontaliers, compromettant la mise en œuvre des programmes de développement. Saluant, les différentes initiatives en cours pour combattre ces fléaux et l’appui opérationnel apporté par divers partenaires dans ce cadre, ils ont insisté sur la nécessité de renforcer les mécanismes de coopération, d’échange de renseignements et d’opérations conjointes en vue d’être plus efficaces face à l’action des groupes terroristes. Les trois pays ont convenu de s’accorder des facilités d’assistance mutuelle en matière de défense et de sécurité en cas d’agression ou d’attaques terroristes. Ils ont aussi décidé de mettre en place un cadre de concertation qui leur permettra de coordonner leurs actions afin de faire face aux situations et défis multiples auxquels ils sont exposés.
A. Diarra