Un atelier de transformation agro-alimentaire de cinq jours s’est récemment tenu à Kita. Cette session de formation a réuni 31 femmes et 21 hommes dans le but de les doter de connaissances et compétences nécessaires pour exploiter le potentiel inexploité de certaines cultures locales à forte valeur nutritionnelle, notamment le sorgho, le mil, l’arachide et le niébé.
Au-delà de l’enrichissement de la nutrition des ménages, l’atelier visait à autonomiser les participants en créant des produits alimentaires à valeur ajoutée pouvant également servir de source de subsistance économique. Il a couvert un large éventail de sujets essentiels, commençant par une séance sur la promotion de pratiques d’hygiène au sein des ménages et des unités de transformation. L’importance de la propreté a été soulignée en tant que facteur critique contribuant à garantir une meilleure alimentation.
Un élément central de la formation consistait à enseigner aux participants la préparation de recettes nutritives dont les farines complémentaires, les bouillies enrichies, les soupes aux légumes et le pain enrichi à base de légumineuses et céréales locales bio-fortifiées. Les participants ont également été outillés sur les normes d’emballage et l’étiquetage, essentiels pour mettre sur le marché des produits locaux nutritifs.
Une formation salutaire
« Une des séances de cette formation était axée sur la préparation de farines complémentaires à base de millet germé, de sorgho et de farine d’arachide. Nous avons également transformé le niébé en soupe, ce qui est vraiment une nouveauté pour notre communauté. Nous avons aussi appris à fabriquer du pain à base de sorgho. Je peux dire que nous étions dans l’ignorance et maintenant nous sommes dans la lumière », a déclaré Mme Assitan Soucko, du village de Bendougouba à l’issue de la formation.
Seydou Coulibaly du village de Sadiola a souligné la nécessité de faire une transition des aliments importés vers les produits transformés localement. Selon lui,la valeur de certains produits locaux est quelquefois méconnue au profit des aliments importés. « Grâce à l’initiative Smart Food, nous avons l’opportunité de découvrir le potentiel de certains produits comme le mil, le sorgho, l’arachide et le niébé. Cette formation nous a permis de mieux saisir la valeur de ces céréales car nous réalisons que ce que nous possédons peut nous être utile », a indiqué M. Coulibaly.
Pour Mme Natou Soucko du village de Karaya, ces produits locaux peuvent contribuer fortement à la diversification alimentaire et à une meilleure nutrition dans la communauté. « J’ai appris à préparer de la soupe au niébé, du djouka à base de sorgho et de la bouillie enrichie. Cette formation m’a aidé à comprendre que remplir l’assiette pour manger n’est pas nécessaire, mais que les régimes équilibrés sont le meilleur moyen d’améliorer la nutrition. En cela, des ingrédients locaux peuvent efficacement remplacer certains produits importés dans notre alimentation. J’ai particulièrement aimé utiliser des légumes en combinaison avec des céréales et des légumineuses. Je partagerai mes connaissances avec le groupe de femmes de mon village », a laissé entendreMme Soucko.
Mme Kadidia Koumaré du Laboratoire de technologie alimentaire (LTA) de l’Institut d’économie rurale (IER) a assuré la formation. Elle a soutenu que ces produits sont importants pour lutter contre certaines carences nutritionnelles et promouvoir une alimentation saine. D’après elle, le projet EU-APSAN-Mali se concentre sur le mil, le sorgho, l’arachide et le niébé en raison de leur résilience au changement climatique et de leur rôle dans la lutte contre la malnutrition.
La formation était organisée par l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) avec l’IER et le secteur agricole de Kita. Elle s’est déroulée dans le cadre du projet EU-APSAN-Mali, financé par l’Union Européenne. Au cours de la cérémonie de clôture, M. Abraham Kassogué, préfet de Kita a plaidé en faveur d’une augmentation de l’utilisation des cultures locales.
« Ces cultures ont un immense potentiel dans la lutte contre la faim et la malnutrition. Il est important d’incorporer les produits locaux à forte valeur nutritionnelle dans l’alimentation quotidienne. La consommation équilibrée des produits comme le mil, le sorgho et bien d’autres a de nombreux avantages », a souligné M. Kassogué.
En marge de la formation, une émission radiophonique a été produite et diffusée pour sensibiliser à l’initiative Smart Food, pour une alimentation intelligente, saine et équilibrée. Les leaders communautaires ont appelé à l’utilisation des cultures alimentaires locales pour une nutrition durable.
Fily Sissoko