Après plusieurs jours de sit-in suivis de désobéissance civile et de grève, les syndicalistes de l’Institut national de santé publique (INSP) viennent de lancer un SOS. « SOS INSP. Délivrez-nous du mal » est le message qu’ils véhiculent désormais à travers une banderole affichée devant la direction générale de la structure.
En effet, les comités syndicaux de l’INSP ont adressé un certain nombre de revendications à la direction avant d’entamer un sit-in le mercredi 15 novembre. Ils réclament le payement de la prime spéciale Covid-19 accordée par le président de la Transition sur 365 jours au lieu de 261, des prélèvements opérés chez certains agents qui étaient sur les activités Covid-19 mais qui sont partis en mission, en congé de formation, qui ont pris une permission ou chez des femmes en congé de maternité.
Le décret du président de la Transition est pourtant très clair sur la question. Le Colonel Assimi Goïta a en effet pris le décret n°2022-0455/PT-RM du 10 août 2022 portant allocation d’une prime spéciale Covid-19 aux agents chargés de la surveillance, de la prévention et de la prise en charge des cas de la maladie à coronavirus. Le décret précise que cette prime spéciale est octroyée pour une période d’un an allant du 1er juin 2021 au 31 mai 2022. Et son taux est fixé à 5000 F CFA par jour de travail et par agent. La liste des structures bénéficiaires et la situation du personnel impliqué a été jointe en annexe à ce décret. Pour l’INSP, ce décret disait dans un premier temps que l’effectif concerné est de 47 agents pour 261 jours. Par la suite, le président de la Transition a pris un décret rectificatif concernant cette prime spéciale pour l’INSP et l’hôpital dermatologique de Bamako. Il s’agit du décret n°2023-0136/PT-RM du 24 février 2023 portant rectificatif de l’annexe du décret n°2022-0455/PT-RM du 10 août 2022 portant allocation d’une prime spéciale Covid-19 aux agents chargés de la surveillance, de la prévention et de la prise en charge des cas de la maladie à coronavirus. Avec ce décret rectificatif, l’effectif des agents pour l’hôpital dermatologique de Bamako passe de 13 à 58 pour 261 jours. Et pour l’INSP, l’effectif passe de 47 à 285 agents toujours pour 261 jours.
C’est l’application de ce décret par la direction générale de l’INSP qui est à l’origine de la grogne des syndicats. Alors que les syndicalistes veulent que cette prime soit payée à tous les travailleurs sur les 365 jours de l’année, la direction n’est pas de cet avis. Pour le directeur général adjoint de l’Institut M. Alamir Touré, le décret présidentiel fixe le nombre de jours à 261 et parle de jours de travail. Aussi, il précise que tout le personnel de l’INSP n’a pas travaillé sur les activités Covid-19 car certains sont partis en mission au cours de la période ou sur d’autres activités. En plus, des agents ont pris leur congé au cours de la période et d’autres, des permissions. C’est pourquoi, dans le traitement du décret, la direction a soustrait tous ces jours non effectifs de travail dans les activités Covid-19.
Dans la foulée, le directeur général Pr Samba Sow a été remplacé à la tête de l’Institut par Pr Ibrahima Guindo. Les syndicalistes pensaient que son départ était l’un des fruits de leur lutte syndicale. Ils découvriront par la suite que l’ex Directeur général de l’INSP a plutôt été appelé à d’autres fonctions à un niveau supérieur au cabinet de la ministre de la Santé et du Développement social, le Colonel Assa Badiallo Touré. Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, Pr Samba Sow a d’ailleurs accompagné son ministre à la Cop28 à Dubaï et à Genève en Suisse au 2ème forum mondial sur les réfugiés. C’est pourquoi, après leur sit-in suivi de désobéissance civile et de grève, les syndicats viennent de lancer un SOS. Ils dénoncent une complicité entre la direction générale de l’INSP et le cabinet de la ministre de la Santé. « SOS INSP ! Délivrez-nous du mal. Le mal, c’est la complicité entre le cabinet de la Santé et la direction générale de l’INSP. Respectez la justice sociale… ». C’est le message que l’on peut lire sur leur banderole affichée devant la direction de l’Institut.
A. Sanogo