Le verdict du procès sur le drame de Perkoa est tombé ce 14 septembre 2022. Le directeur de la mine, Hein Frey, a été déclaré coupable pour homicide involontaire et condamné à 24 mois de prison avec sursis et une amende de deux millions FCFA.
Par ailleurs, le directeur de Byrnecut Burkina (société sous-traitante de Nantou Mining), Darly Christensen, a lui aussi été déclaré coupable pour homicide involontaire et condamné à 12 mois avec sursis et une amende de un million FCFA.
Au cours du délibéré du procès, le tribunal a ordonné la relaxe de la mine et des deux prévenus pour infractions non constituées. Le tribunal a reçu la constitution de partie civile des héritiers des victimes et leur a donné acte de ce qu’ils ne formulent pas de réclamations dans la présente instance.
Hein Frey, Darly Christensen et Nantou Mining étaient poursuivis pour les infractions suivantes : exercice d’activité d’exploitation minière sans autorisation légale ; violation des prescriptions du règlement relatif à la sécurité et à la santé au travail dans les mines et carrières ; mise en danger de la personne d’autrui ; et non-assistance à personne en danger.
Les prévenus ont cependant été déclarés coupables pour homicide involontaire.
« Ça va honorer les morts de nos frères disparus »
« Nous avons fait confiance à notre justice depuis le début et je crois que le verdict est bon à prendre », a confié Antoine Bama, porte-parole des parents des victimes. « Pour nous d’abord, c’était que le droit soit dit. Pour l’essentiel durant ce procès, nous avons pu constater la défense qu’il y avait, les faiblesses qu’il y avait au niveau de la mine et qui ont été corrigés juste après. Et je crois que le verdict prononcé est bon. C’est qu’en matière de droit nous n’avons pas à nous prononcer sur des questions de justice ; mais je crois que ça va honorer les morts de nos frères disparus », a-t-il indiqué.
Du côté du personnel, la tenue de ce procès a été saluée. « Nous pensons que ce procès a été vraiment pédagogique et a permis de comprendre ce qui s’est passé et aussi à ceux qui ne sont pas dans l’environnement minier, de comprendre aussi comment les choses se passent à l’intérieur », a laissé entendre Abdoul Moussa Sanou, délégué du personnel. « En ce qui concerne le verdict, nous travailleurs, nous pouvons dire qu’il est assez clément et nous pensons que le droit a été dit. Nous pensons aussi que ça nous permet d’avancer dans le travail et c’est déjà quelque chose de bien pour nous », a-t-il affirmé.
Un fait mais un regret…
Pour les avocats des accusés, les réactions sont partagées. « Etre condamné pour homicide involontaire, c’est un fait. Il y a des personnes qui sont parties suite à des faits involontaires et nous comprenons cette conclusion à laquelle le tribunal est arrivé », a notifié Me Bobson Coulibaly, conseil de Hein Frey, au nom de tous les avocats de la défense.
Toutefois, Me Bouba Yaguibou, conseil de Christensen, a donné une précision : « Il y a un regret à voir qu’il ait pu être condamné pour homicide involontaire parce qu’il est un employé de Byrnecut et Byrnecut n’est pas poursuivi. C’est Nantou Minning qui était poursuivi ».
A la question de savoir si la défense va faire appel de ce verdict, Me Bobson Coulibaly répond : « il est trop tôt pour se prononcer. Nous aviserons ».
« Une bonne décision… »
A en croire Ditil Moussa Palenfo, le directeur pays de Nantou Mining, le verdict situe effectivement les responsabilités. « Je pense que à ce jour, nous devons travailler vers l’avenir de sorte à ce que la mine puisse s’occuper donc des enfants des familles de nos collègues disparus et continue donc à apporter son soutien à l’ensemble de la communauté et à profiter donc à tout le Burkina Faso », a-t-il signifié.
Par ailleurs, la décision de ne pas fermer la mine de Perkoa vient lever la crainte. « Nous sommes à la limite, je dirai, un peu soulagés de savoir que le tribunal ne nous empêche pas de continuer l’exploitation parce que ça aurait été une autre catastrophe après avoir perdu nos collègues que de perdre aussi nos emplois. Donc le jugement, je peux dire dans l’ensemble, a été une bonne décision », a affirmé Ditil Moussa Palenfo.
En rappel, huit mineurs sont restés coincés dans les galeries souterraines de la mine de Perkoa le 16 avril 2022 suite à une inondation. Après 66 jours de recherches, ils ont tous été retrouvés sans vie.
Lefaso.net