Le Niger semble explorer la voie de la diplomatie parlementaire pour dissiper le coup de froid que les propos de son ministre des Affaires Etrangères a créé dans ses relations avec le Mali. Pour ce faire, le président du Conseil national de Transition (CNT) le colonel Malick Diaw était l’un des invités d’honneur de la 2ème session ordinaire du parlement nigérien qui s’est ouverte le lundi dernier à Niamey.
Si le président du CNT, le colonel Malick Diaw a été invité au même titre que plusieurs présidents de parlements africains à Niamey, sa visite parait aussi comme une manière pour les autorités nigériennes de dissiper le coup de froid créé par les propos du ministre Hassoumi Massaoudou dans les relations entre les deux pays.
Pour rappel, à l’issue du sommet extraordinaire de la Cedeao tenue à Accra le 16 septembre dernier sur la situation politique en Guinée et au Mali, le ministre nigérien des Affaires Etrangères avait déclaré dans une interview que «si les militaires maliens ne rendent pas le pouvoir en février prochain, les sanctions internationales contre Bamako seront sévères ». Hassoumi Massaoudou avait ajouté que la Cedeao n’accepte pas que « dans notre sous-région, des mercenaires viennent s’impliquer, dégrader davantage encore la situation sécuritaire… ». Il avait également qualifié les assises nationales de la refondation annoncées par le gouvernement de « diversion » pour détourner les objectifs assignés à la transition. Le gouvernement du Mali avait vigoureusement protesté contre cette « ingérence » dans les affaires intérieures du Mali. C’est certainement pour tenter de dissiper ce coup de froid entre les deux pays que les autorités nigériennes sont en train de miser sur la diplomatie parlementaire.
Au cours de la cérémonie d’ouverture de la session, une mention spéciale a été accordée au Mali par le président de l’Assemblée nationale du Niger. Dans son discours, Seïni Oumarou a félicité Malick Diaw qui, selon lui, l’a récemment impressionné avec la hauteur de vue sur les problématiques de notre sous-région dont il a fait montre lors des dernières assises du CIP-G5 Sahel à Bamako. Parlant des relations entre le Niger et le Mali, le président du parlement nigérien a indiqué que ni l’histoire, ni l’économie encore moins la géographie ne sauraient les épuiser.
Prenant la parole à son tour, le colonel Malick Diaw a d’abord transmis les salutations fraternelles du président de la Transition à son homologue nigérien. Avant de faire part de ce qui lui semble nécessaire pour vaincre l’insécurité dans le Sahel qui continue d’endeuiller les différents pays. Pour Malick Diaw, cette triste réalité rappelle cruellement et de manière constante, l’indispensable nécessité de la mutualisation des réflexions et actions au sein de nos Etats afin de redonner espoir aux populations. « En ma qualité d’officier militaire ayant participé à certaines opérations anti-terroristes, je puis vous assurer que ce défi reste à notre portée si nous adoptons une posture commune plus robuste de solidarité et de coopération dans la sous-région », a-t-il souligné. Parlant de la transition en cours du Mali, il dira que pour mieux comprendre ses enjeux, il est primordial de jeter un regard rétrospectif sur ce qu’a été la gouvernance du pays au cours des dernières années. Selon Malick Diaw, cette gouvernance était manifestement marquée par la déliquescence de l’Etat et la persistance de problèmes sociaux et politiques divers entravant le bon fonctionnement du pays. Pour parachever le processus en cours, il dira que le Mali a besoin de l’accompagnement de ses fils et de ses amis.
Après la cérémonie, Malick Diaw et ses pairs invités ont été reçus par le président nigérien Mohamed Bazoum. Au cours de l’audience, ils ont évoqué les questions d’intérêt commun notamment, l’insecurité, la solidarité entre les pays, la lutte contre le terrorisme. Aussi, le président du CNT a eu des discussions avec le président du parlement nigérien sur les mêmes questions, le renforcement des liens d’amitié et de solidarité entre les deux pays.
Amadou Diallo