3ème rencontre entre le PM et la classe politique : La question des élections au cœur des échanges

Pour la troisième fois consécutive, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a reçu le lundi 25 mars, plusieurs responsables de partis et regroupements politiques à qui la parole a été donnée cette fois-ci. Il s’agissait pour le chef du gouvernement d’échanger avec eux sur la situation sociopolitique du pays. Comme pour les deux précédentes réunions, les ténors de la classe politique étaient absents.

Pour camper le décor, le Premier ministre est revenu sur les actions posées par le gouvernement depuis la rectification de la trajectoire de la Transition, la reprise de Kidal par l’Arme malienne, les réformes en cours dans le cadre de la refondation du Mali, le départ des forces étrangères, la question de la sécurité et des élections, etc.

Dans la phase des échanges, le représentant de la Convergence pour le développement du Mali (Codem) a salué l’initiative du Premier ministre de convier la classe politique. Toutefois, il dira qu’il a tout aimé dans ses propos sauf lorsqu’il dit que tant qu’il n’y a pas de sécurité, il n’y a pas d’élection. Ce qui, selon lui, voudrait dire qu’on est là pour on se sait combien de temps encore. « Lier la tenue des élections à la sécurité, cela nous replonge dans une situation qu’on ne comprend pas alors que ça contredit formellement les propos des militaires eux-mêmes quand ils sont venus au pouvoir à savoir faire le plus court laps de temps et s’en aller », a rappelé le représentant de la Codem. Il a indiqué que pour son parti, tout ce qui a été entrepris depuis les Assises nationales la refondation, la création de l’AES, la sortie de la Cedeao, relève d’une stratégie voulue, consentie pour rester au pouvoir et ne pas tenir les élections sous prétexte que l’équipe dirigeante qui est là est en train de faire un bon travail.

Le représentant d’Espoir pour la démocratie et la République (EDR) a lui aussi salué cette réunion convoquée par le Premier ministre. Selon lui, on a réussi une bonne partie de la sécurité et il faut maintenant s’atteler à mettre en place les nombreux chantiers de refondation qui ont été lancés. « Il faut donner une nouvelle vie au cadre de concertation avec les partis politiques, définir un cadre permanent où les partis politiques vont se concerter et fédérer l’ensembles des forces vives de la nation », a-t-il conseillé.

Le représentant de l’Alliance des forces panafricanistes a, quant à lui, indiqué que les Maliens sont avec la Transition et font confiance à cette Transition. Il a invité les autorités à poursuivre tout ce qu’elles ont engagé comme reformes. Selon lui, la classe politique devrait suivre et laisser la question des élections de côté car lors des ANR, il y a des gens qui ont parlé de 5 ans ou même 10 ans de transition. « Il serait trop tôt d’abandonner la transition et les Maliens à ce niveau pour organiser les élections car il s’agirait d’abandonner les Maliens en plein vol », a-t-il dit. 

Le président du parti Alternance politique pour le progrès (APP) pour sa part dira qu’à un moment donné, on pensait que le Mali pouvait être gouverné sans les partis politiques. Pour lui, le discours que le Premier ministre a tenu au cours de cette rencontre contredit cela.  Il soutient que le chef du gouvernement a exprimé sa volonté de rassembler toutes les forces politiques et les forces vives de la nation.  Le président du parti APP a appelé le chef du gouvernement à militer pour le progrès social et l’apaisement du climat sociopolitique. Car selon lui, c’est dans l’unité, l’union, la solidarité et l’entente qu’on peut construire beaucoup de choses et non dans la division.

En réponse, le Premier ministre dira que les autorités de la Transition ne cherchent pas à plaire aux gens mais à régler les problèmes. Selon Dr Choguel Kokalla Maïga, ils ont fait le choix de renvoyer la camisole de force et faire en sorte que les Maliens puissent librement décider de ce qu’il faut faire et faire les reformes nécessaires. Selon lui, l’objectif de la rencontre avec les partis politiques est que les uns et les autres comprennent que la position d’avant où on mettait les élections avant la sécurité est erronée. « Aujourd’hui qu’on a un minimum de transparence, exiger les élections c’est normal, mais il faut trouver le juste milieu », a dit le Premier ministre. Selon lui, il y a six mois, si on n’avait fait les élections, on allait pas avoir les données biométriques qui appartiennent au Mali. « On veut restaurer totalement la souveraineté numérique du Mali. Nous voulons juste rendre le processus de refondation irréversible et faire des élections le plutôt possible et partir », a ajouté Dr Choguel Kokalla Maïga, pour qui, ils ont intérêt à tenir les élections parce que « si on ne les tient pas temps, nous serons les premiers à le regretter ».

G. Diarra