Les Maliens souffrent et continuent de souffrir de la crise énergétique. La société Energie du Mali (EDM-SA) peine à satisfaire ses clients malgré les grandes annonces faites par la ministre de l’Energie et de l’Eau, Mme Bintou Camara il y a quelques mois sur le plateau de la télévision nationale. Au lieu que la situation s’améliore, elle s’est plutôt dégradée. Devant cet état de fait, nombreux sont les observateurs qui se disent déçus du comportement du Conseil national de Transition (CNT) qui, pour eux, n’a pas joué son rôle d’organe législatif censé contrôler l’action gouvernementale.
La sortie médiatique de la ministre avait été perçue par l’opinion comme la prise du taureau par les cornes par les autorités de la Transition. Car elle avait fait un diagnostic sans complaisance des problèmes que traverse la société EDM-SA et qui ont des conséquences sur la fourniture de l’électricité. Maitrisant visiblement la situation, la ministre Bintou Camara avait annoncé d’importantes mesures pour l’amélioration de cette fourniture. Ses annonces avaient donné une lueur d’espoir aux populations. Aussi, à la veille du mois de ramadan en cours, les populations s’attendaient à la fin des coupures ou du moins, à une amélioration de la situation pendant au moins cette période comme annoncé. Mais en lieu et place, la direction générale de la société EDM-Sa a annoncé un plan de délestage au cours d’un point de presse à la veille du mois de ramadan. Dans sa présentation lors de cette rencontre avec les journalistes, le directeur général d’EDM-Sa Abdoulaye Djibril Diallo a d’abord fait l’état des lieux de la crise énergétique marqué par l’augmentation de la demande, le manque d’investissement, la croissance de la part du thermique dans le mix énergétique, le coût de production du thermique élevé par rapport à l’hydroélectrique et tributaire des cours mondiaux du combustible. Il a aussi évoqué la baisse de la production hydroélectrique à cause de la faible pluviométrie, l’augmentation du prix du carburant sur le marché mondial, la rupture de l’équilibré tarifaire, le fort endettement de la société et l’insécurité.
Parlant de la gestion des hydrocarbures, il dira que la couverture optimale de la pointe de 2024 dépendra essentiellement de l’approvisionnement du combustible. Il s’agit, selon le directeur général, de mettre à la disposition des centrales thermiques, 21 citernes de 45.000 litres en fuel HFO et 18 citernes de 45.000 litres en LFO par jour. Concernant le mois de ramadan, Abdoulaye Djibril Diallo a annoncé une diminution significative des temps de délestage, la communication d’un plan de délestage détaillé pour permettre aux usagers de mieux s’organiser.
Devant ce genre de problème, il était de la responsabilité du Parlement d’interpeller le gouvernement pour donner la vraie information aux Maliens. Car les déclarations et promesses faites par la ministre de l’Energie et de l’Eau n’ont pas été suivies d’effet. Bien au contraire, le temps des coupures a augmenté. Le CNT a la possibilité de saisir le gouvernement à travers des questions orales ou même d’actualité.
Au lieu de cela, les Maliens ont plutôt assisté à une visite de terrain de la commission eau, énergie et mines du CNT effectuée le jeudi 22 février dernier à la centrale thermique de Balingué. L’objectif de cette visite conduite par le président de la commission Assane Sidibé était de s’imprégner de l’état de la centrale et de discuter des défis liés à la production et à la fourniture d’électricité au Mali. A l’issue de la visite, le président de la commission eau, énergie et mines a déclaré que les autorités sont en train de déployer de gros efforts pour améliorer la situation énergétique du pays. Les populations attendent toujours cette amélioration pour que la crise énergétique qu’elles endurent depuis des mois deviennent pour eux un souvenir.
A. Sanogo