Mise en œuvre de l’Accord : Le ministre Ismaël Wagué à Kidal pour relancer le processus de paix

Depuis quelques mois, le processus de paix en cours au Mali suite à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation les 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako connait un blocage avec la décision de certains mouvements signataires de suspendre leur participation aux mécanismes de mise en œuvre. Pour tenter de relancer le processus, le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la Réconciliation nationale, le colonel-major Ismaël Wagué, s’est rendu à Kidal  le vendredi dernier où il a rencontré les leaders des mouvements signataires.  

Auparavant, le ministre Wagué avait écrit à la médiation internationale pour dénoncer des violations répétées de l’Accord par certains mouvements signataires. Mais aussi, le silence et le comportement de cette dernière face à ces cas de violations flagrantes du document censé ramener la paix au Mali.

Cette lettre en date du 24 février 2023 a été adressée à l’Algérie en sa qualité de chef de file de la médiation internationale. Envoyée au chef de la diplomatie algérienne, le gouvernement  y a réitéré son engagement pour  le processus de paix. Avant d’évoquer les nombreux efforts faits par l’Etat pour sa mise en œuvre. Malgré ces efforts, il a déploré que certains mouvements précisément ceux de la CMA  n’ont cessé de violer l’Accord. Les cas les plus récents sont l’installation d’états-majors par certains groupes armés dans le Gourma en 2020-2021, la réouverture des postes de securité dans les zones de Kidal, Gao,  Ménaka et Tombouctou, la délivrance illégale d’autorisations de déplacement sur les sites d’orpaillage, l’installation et la mise en place de dispositifs de sécurisation sur les sites d’orpaillage illégaux de N’Tahaka (Sud de Gao) et au Nord de Kidal, les actions entravant  le fonctionnement optimal des bataillons des Forces armées reconstituées (Baftar), la conduite de patrouilles Tartit par des entités non reconnues (CSP-PSD) sans concertation ni accord du gouvernement à Kidal, Ménaka, Gao, Tombouctou et Taoudéni, l’opérationnalisation d’un tribunal islamique à Kidal et qui a déjà délibéré sur le cas de deux éléments du Baftar de Kidal, la collusion de plus en plus manifeste avec les groupes terroristes, etc.

Le colonel-major Ismaël Wagué a dénoncé l’attitude de la médiation internationale face à ces cas flagrants de violations de l’Accord  car les auteurs n’ont jamais été rappelés à l’ordre. Selon lui, cela  jette un discrédit sur la médiation internationale. Il soutient également que les structures chargées d’accompagner la mise en œuvre de l’Accord notamment la Minusma, l’Observatoire indépendant et le groupe d’experts indépendants pour les sanctions concernant le Mali n’ont jamais comblé les attentes.  

Toutefois, pour relancer le processus de paix, le ministre Wagué s’est rendu vendredi à Kidal pour rencontrer les leaders des mouvements signataires de l’Accord.  « Quelles que soient les difficultés que nous traversons, nous sommes conscients que nous sommes ensemble, que nous devons nous donner la main pour aller vers la paix, le développement, la sécurité au bénéfice de nos populations », a-t-il déclaré à la fin de la rencontre dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas.

La Nouvelle Voie du Mali