Tribune des Nations unies : Le Mali a libéré la parole pour les dirigeants africains

Le Mali semble avoir délié les langues des dirigeants africains avec les discours  successifs du Premier ministre Dr Choguel Kokalla  Maïga, du Premier ministre par intérim le Colonel Abdoulaye et ceux du chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop à la tribune des Nations unies à plusieurs occasions.

En effet, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, lors de la 76ème  assemblée générale de l’ONU le 25 septembre 2021, a tenu un discours salué par une bonne partie de l’opinion nationale et même au-delà des frontières du Mali. Il a accusé la France d’un « abandon en plein vol » avec sa décision unilatérale de retrait de la force Barkhane.  Selon lui, la nouvelle situation née de la fin de Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, conduit les autorités à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires.

L’année suivante, au cours de la 77ème assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga, n’était pas aussi allé avec le dos de la cuillère lorsqu’il répondait à la France sur sa position concernant les militaires au pouvoir, aux dirigeants de la Cedeao et au secrétaire général de l’ONU qui ont pris fait et cause pour Abidjan dans l’affaire dite des 46 militaires ivoiriens inculpés par la justice malienne pour tentative de déstabilisation. Abdoulaye Maïga avait aussi accusé la France d’avoir agressé le Mali à maintes reprises. Aussi, dans une lettre adressée le lundi 15 août au président du Conseil de sécurité, le Mali a accusé la France d’avoir commis plus de cinquante cas délibérés de violation de l’espace aérien malien par des aéronefs étrangers, notamment opérés par les forces françaises. Bamako a ouvertement accusé Paris de violation de l’espace aérien malien pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant au Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions. Ces accusations des autorités maliennes contre la France et d’autres puissances occidentales sont revenues plusieurs fois dans les discours prononcés par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop et le représentant permanent du Mali à l’ONU, Issa Konfourou à la tribune des Nations unies et devant le Conseil de sécurité.

Le courage du Mali semble avoir libéré la parole pour certains dirigeants africains lors du débat général de la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations unies.

Dans son intervention à la tribune de l’ONU, le chef de la diplomatie togolaise Robert Dussey  a appelé à la cessation des hostilités dans les différents foyers de tension dans le monde et en particulier en Afrique de l’Ouest, avant de dénoncer les ingérences extérieures. Selon lui, les ingérences ne sont plus les bienvenues dans une Afrique qui a conscience de ses propres responsabilités. Le chef de la diplomatie togolaise a déclaré que l’Afrique cherche des relations fondées sur l’égalité et le respect mutuel. Avant d’exprimer la fatigue du continent africain face au paternalisme, au mépris, à la condescendance et à l’arrogance. Bassolma Bazié, représentant du Burkina Faso a, de son côté, dénoncé  l’hypocrisie et la malhonnêteté de la communauté internationale sur la situation des pays comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso minés par le terrorisme. Il s’est attaqué frontalement à la France et à son président Emmanuel Macron dont « la condescendance, la suffisance, l’arrogance et le paternalisme » ne sont plus à démontrer quand il s’agit de parler de l’Afrique. Bassolma Bazié a fait savoir que la France s’est même permise de bloquer les armes commandées par son pays dans sa lutte contre le terrorisme. Pour sa part, le président de la Transition guinéenne le Colonel Mamadi Doumbouya a indiqué que la démocratie à l’occidentale ne marche pas en Afrique. Pour lui, les Etats africains doivent être libres de conserver leur neutralité et rompre avec l’ancien ordre mondial en défendant le non-alignement. « Nous ne sommes ni pro ni anti Américains, ni pro ni anti Chinois, ni pro ni anti Français, ni pro ni anti Russes, ni pro ni anti Turcs. Nous sommes tout simplement pro Africains. C’est tout. », a déclaré Mamadi Doumbouya.Le président congolais Félix Tshisekedi  a, quant à lui, demandé un retrait sans délai et accéléré de la Monusco. 

A. Diarra