Alors que dans son plan de désengagement convenu avec le gouvernement du Mali, il était prévu que le retrait de la Minusma de Kidal s’effectuerait dans la période du 15 au 30 novembre, la Mission onusienne a décidé d’anticiper le départ de ses troupes sans concertation avec la partie malienne. Elle a ainsi violé le plan de retrait préalablement défini avec les autorités maliennes.
En effet, le 10 octobre dernier, la Minusma a annoncé avoir achevé le retrait de ses troupes des postes avancés de Kidal qui, entre autres, appuyaient le Bataillon des Forces armées maliennes reconstitué (BATFAR), pour permettre le regroupement des casques bleus dans le camp de la Mission dans cette localité en vue de leur rapatriement imminent dans leur pays. Elle a indiqué que pour des raisons strictement humanitaires, la Mission a accepté d’accueillir dans son camp de Kidal 111 éléments du BATFAR. La Mission a par ailleurs annoncé qu’au cours de ce mois d’octobre, elle entend procéder à la fermeture de trois camps à Douentza, dans le Centre, à Aguelhok et Tessalit, dans le Nord du pays.
Dans une note d’information en date du lundi 16 octobre, le gouvernement du Mali a exprimé son étonnement et dénoncé l’action unilatérale de la Minusma, contraire à l’esprit de coordination et de collaboration voulu entre les deux parties dans le cadre du processus de retrait de la Mission et non conforme au plan de retrait convenu en ce qui concerne le camp de Kidal. Selon le gouvernement, le désengagement dudit camp devrait s’effectuer au cours de la période du 15 au 30 novembre prochain. Et la question a fait l’objet d’échanges dans la matinée du 10 octobre entre la Minusma et le gouvernement qui avait demandé un délai de 72 heures afin de réorganiser voire réadapter le dispositif d’occupation par les FAMa desdits postes. C’est dans l’attente de la réaction promise de la Minusma que les autorités maliennes ont été mises devant le fait accompli, a indiqué le gouvernement, qui a condamné la trahison dont ont été victimes les FAMa du BAFTAR de la part des éléments de la CMA dont certains appartenaient à ce Bataillon. D’après le gouvernement, groupe signataire de l’Accord pour la paix, la CMA, en violation de ses engagements, sans réaction de la Minusma, a encerclé, occupé puis enlevé les matériels et équipements, tout en pillant le dépôt d’armement et de munitions du Mécanisme opérationnel conjoint (MOC). « L’enchainement des évènements et la passivité de la Minusma suscitent de fortes interrogations sur les intentions réelles des protagonistes et la planification de cette action », souligne le gouvernement.
Dans ce contexte d’incompréhension entre les autorités maliennes et la Minusma, le secrétaire général de l’Onu, dans une déclaration sur le Mali a indiqué que la Mission a annoncé qu’elle commençait le lundi 16 octobre à retirer ses troupes des camps situés dans la région de Kidal, en commençant par Tessalit et Aguelhok. Selon Antonio Guterres, ce retrait sera suivi par celui du camp de Kidal. Pour lui, la Mission fait tout ce qui est en son pouvoir pour conclure ce processus dès que possible, malgré la détérioration rapide de la situation sécuritaire et les risques accrus qui pèsent sur la vie de centaines de casques bleus. Il soutient que l’environnement devient de plus en plus difficile. Le même jour d’ailleurs, il dira que le personnel de la Mission a été contraint de se réfugier dans des bunkers à la suite d’un échange de tirs à Tessalit.
Face à cette situation, l’Armée malienne continue sa progression vers la ville de Kidal bastion des groupes rebelles avec leurs alliés terroristes. Après avoir pris le contrôle total de la localité d’Anefis le 7 octobre dernier, les Forces armées maliennes (FAMa) poursuivent leur avancée dans le cadre de l’occupation des camps de la Minusma. Dans cette progression, l’Armée malienne a annoncé que des tirs à l’arme lourde des groupes terroristes ont visé le lundi 16 octobre un aéronef des FAMa à l’approche de l’aéroport de Tessalit. Selon l’Armée, cette tentative visait à empêcher l’aéronef d’atterrir à l’aéroport de Tessalit. Ces positions ennemies ont été neutralisées par les vecteurs aériens des FAMa et l’aéronef a pu atterrir et repartir sans difficultés, a rassuré l’Armée. Le mercredi dernier, l’Armée a également annoncé que depuis trois jours, elle a renforcé ses positions à Tessalit en vue de continuer avec le processus de rétrocession des camps occupés par la Minusma. Elle a déploré que c’est au cours de la mise en œuvre de ce processus que les groupes armés terroristes, dans leur dessein funeste, veulent tout mettre en œuvre pour empêcher les aéronefs FAMa à effectuer les navettes à l’aéroport de Tessalit. Les FAMa, toujours debout et vigilantes, mènent des ripostes à la mesure des velléités terroristes. Les frappes aériennes des 17 et 18 octobre ont visé des véhicules terroristes dans les secteurs de Kidal et Tessalit, précise l’Armée, qui souligne que toutes les dispositions sont prises pour continuer le processus d’occupation des emprises de la Minusma par les FAMa.
A. Sanogo