Me Cheick Oumar Konaré, avocat et analyste politique : « L’Alliance des Etats du Sahel va produire des résultats parce qu’elle repose sur un financement endogène »

Invité sur le plateau du débat de dimanche sur Africable Télévision, Me Cheick Oumar Konaré a livré son analyse sur la Charte du Liptako Gourma qui institue l’Alliance des Etats du Sahel entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

D’entrée de jeu, il a indiqué que l’idée  de la Charte du Liptako Gourma est magnifique. Selon Me Konaré, cette Charte succède à deux autres tentatives : le Cemoc (comité d’état-major opérationnel conjoint) qui avait été mis en place sous le président Amadou Toumani Touré par l’Algérie, le Mali et d’autres Etats  et qui a échoué parce qu’il n’y avait pas la volonté politique de l’animer véritablement. L’avocat et ancien journaliste dira qu’il y a eu ensuite, le G5 Sahel qui a passé quelques années sans pouvoir mobiliser le moindre franc ni par conséquent, la moindre force. Car tout simplement, les occidentaux n’ont pas voulu que cette organisation fonctionne puisqu’au même moment où le G5 Sahel criait famine, des centaines de milliards de dollars étaient versés sur l’Ukraine comme si ce pays à lui seul valait mieux que les Etats du Sahel réunis. D’après Me Cheick Oumar Konaré, cette nouvelle alliance a deux avantages. Le premier avantage qu’il met en avant  est qu’elle va réduire les sanctuaires des terroristes. Selon lui, quand ils fuiront le Burkina Faso, ils n’auront plus de refuge au Mali. Et quand ils fuiront le Mali, ils n’auront plus de refuge au Niger. Il pense que la continuité territoriale entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso va obliger les terroristes à se diriger peut-être vers l’Algérie qui va devoir redéfinir sa stratégie qui consiste jusqu’ici, à déverser son flot de terroristes sur le sol des autres pays voisins. « Cela ne peut plus continuer et il faut que l’Algérie joue franc-jeu  avec la nouvelle alliance afin de couper la retraite à tous les terroristes », a indiqué Me Konaré. Le second avantage qu’il a évoqué est que les Etats qui ont signé cette alliance ont décidé de la financer eux-mêmes. Pour lui, c’est l’un des principaux points d’espoir parce que toute organisation africaine dont le financement dépend de l’étranger est vouée à la disparition et à l’inefficacité. Il dira que c’est le cas avec le G5 Sahel. Mais aussi avec l’Union africaine qui en réalité est financée sur des fonds occidentaux. Et par conséquent, elle ne peut que pratiquer une politique néocoloniale dictée par les bailleurs de fonds. Me Konaré a déclaré qu’il a bon espoir que l’Alliance des Etats du Sahel va produire des résultats parce qu’elle repose sur un partage de renseignements entre trois grands pays, les trois pays les plus frappés par le terrorisme. Mais aussi sur le fait qu’elle repose sur une mutualisation des forces militaires et sécuritaires et sur un financement commun et endogène. Mieux, il soutient que cette alliance repose également sur la croyance que sans l’élimination du terrorisme, c’est l’avenir de tous ces trois pays qui serait compromis. Pour Me Konaré, cette alliance va décourager toute attaque militaire de la Cedeao. Selon lui, toute attaque de ce genre mettrait fin immédiatement à cette organisation car il ne peut pas y avoir de Cedeao sans la participation de ces trois pays.

A. Diarra