Défis sécuritaires en Afrique de l’ouest : L’après-Minusma discuté par la Cedeao sans le Mali

Lors de sa 63ème session ordinaire  tenue le 9 juillet dernier à Bissau en République de Guinée Bissau, la conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) s’était intéressée aux  implications du retrait imminent de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). C’est pourquoi, elle a décidé de mettre en place un groupe de travail présidentiel composé du Bénin, de la Guinée-Bissau et du Nigeria pour approfondir les réflexions sur le retrait de la Mission onusienne et sur toutes les questions de sécurité qui y sont liées. Ce groupe de travail devra accompagner les médiateurs de la Cedeao pour poursuivre le dialogue avec les autorités de transition des États membres concernés.  La conférence a aussi instruit le président de la Commission de soumettre, dans un délai de 90 jours, une proposition relative à un mécanisme approprié de réponse à la double évolution concernant le retrait de la Minusma et la présence d’armées privées étrangères dans la région.

Pour rappel, déployée au Mali depuis 2013, les autorités maliennes  ont demandé le retrait de la Minusma après avoir conclu qu’elle n’a pas atteint son objectif fondamental d’appui aux efforts du gouvernement à la sécurisation du pays. Selon le gouvernement, en 2013, les fondements qui ont servi à justifier la création de la Mission étaient notamment l’appui aux autorités maliennes pour stabiliser la situation dans les régions du Nord, écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones, particulièrement à travers le rétablissement de l’autorité de l’Etat dans tout le pays. Après plusieurs années de déploiement des forces de la Minusma sur le terrain, la situation sécuritaire, qui concernait jadis le Nord du pays, s’est progressivement dégradée dans les autres régions du Mali, notamment le Centre, a déploré le gouvernement. Pis, selon les autorités maliennes,  la Minusma semblait devenir une partie du problème en alimentant les tensions intercommunautaires exacerbées par des allégations d’une extrême gravité et qui sont fortement préjudiciables à la paix, à la réconciliation et à la cohésion nationale. Et cette situation a engendré un sentiment de méfiance des populations à l’égard de la Mission onusienne et une crise de confiance entre elle et les autorités maliennes. C’est pourquoi, le 16 juin dernier, lors de la réunion sur l’examen du rapport trimestriel du secrétaire général des Nations sur la situation au Mali, le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop a officiellement demandé le retrait de la Minusma. Et le vendredi 30 juin, les membres du Conseil de securité ont  adopté à l’unanimité, la résolution proposée par la France et qui met fin à la Mission en réponse à la requête du gouvernement du Mali. Ce retrait doit se faire en six mois entre le 1er juillet et  le 31 décembre. La Cedeao, longtemps restée indifférente au sort des pays de la région confrontés au terrorisme notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a enfin décidé  d’agir face au retrait de la Minusma et le vide que cela va créer.  

L’équipe présidentielle mise en place par cette organisation et composée du Bénin, de la Guinée-Bissau et du Nigeria a tenu sa première réunion ce mardi 18 juillet à Abuja au Nigeria, avec le soutien du Niger, pour approfondir les réflexions régionales sur le retrait de la Minusma et toutes les questions de sécurité connexes. Le hic est que cette réunion s’est tenue sans la présence du principal concerné qu’est le Mali qui a abrité cette mission pendant plus de 10 ans. A l’issue de leur mini-sommet, les quatre chefs d’Etat (du Nigeria, du Benin, de Guinée Bissau et du Niger) ont indiqué dans un communiqué que cette équipe présidentielle accompagnera les médiateurs de la Cedeao pour maintenir le dialogue avec les autorités de la transition au Burkina Faso, en Guinée et au Mali. Et que l’organisation a décidé de s’attaquer fermement à toute menace à la sécurité dans la région.

La Nouvelle Voie du Mali