Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait de la Cedeao et ont créé l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Les chefs d’Etat de ces pays viennent d’ailleurs de tenir leur 1er sommet à l’issue duquel, ils ont décidé de créer la Confédération des Etats du Sahel. La Guinée qui était engagée dans un projet de fédéralisme avec le Mali et le Burkina Faso semble prendre ses distances avec ces deux Etats qui ont créé l’AES avec le Niger.
Avant le coup d’Etat au Niger et la création de l’AES, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée qui étaient les trois pays de la sous-région en périodes de transition avaient entamé un processus de rapprochement avec pour finalité d’aller vers le fédéralisme.
Dans le cadre du renforcement des liens d’amitié, de solidarité et de coopération entre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, s’est tenue à Ouagadougou les 8 et 9 février 2023, une réunion tripartite des ministres des Affaires étrangères des trois pays.
Selon le communiqué final qui a sanctionné cette rencontre, les délégations burkinabè, guinéenne et malienne ont eu des séances de travail au cours desquelles, elles ont passé en revue des sujets d’importance majeure et d’intérêt commun, notamment la réussite des processus de transition devant conduire au retour à l’ordre constitutionnel apaisé et sécurisé, la promotion de la bonne gouvernance, la mutualisation des moyens pour relever les défis sécuritaire, économique et humanitaire, le renforcement de leur relation tripartite par la dynamisation de l’axe Bamako-Conakry-Ouagadougou, ainsi que la concertation sur les questions sous-régionales, régionales et internationales pour dégager des positions communes.
Tout en réaffirmant leur attachement aux objectifs et principes de la Cedeao et de l’Union africaine, les chefs d’Etat malien, burkinabè et guinéen s’étaient engagés à répondre aux aspirations des populations de leurs pays respectifs et à faire de l’axe Bamako-Conakry-Ouagadougou, un domaine stratégique et prioritaire pour le développement du commerce, des transports, de l’approvisionnement en produits de première nécessité, de la formation professionnelle, du développement rural, de l’exploitation minière, de la culture et des arts ainsi que de la lutte contre l’insécurité.
Pour ce faire, les ministres des Affaires étrangères avaient noté la nécessité de mettre en place et d’institutionnaliser un cadre permanent de concertation entre les trois pays, la tenue de consultations politiques et diplomatiques au plus haut niveau afin de faire de ce partenariat, un axe gagnant pour le bien-être des populations. Et le renforcement de la solidarité en vue d’assurer la sécurité. En termes de perspectives, ils avaient prévu la facilitation de la fourniture en hydrocarbures et en énergie électrique entre les trois pays, le développement du commerce et des transports depuis le port de Conakry jusqu’au Burkina Faso en passant par le Mali, l’organisation de l’exploitation minière entre les trois pays, la mobilisation des ressources nécessaires en vue de réaliser le projet de construction du chemin de fer Conakry-Bamako-Ouagadougou. Mais également la réhabilitation et la construction des routes internationales entre les trois pays, devant servir de leviers de croissance économique et faciliter la libre circulation des populations et de leurs biens, la dynamisation des échanges économiques et commerciaux, le renforcement de la coopération dans le développement rural, de l’environnement et de la formation professionnelle.
Lors du dernier sommet des chefs d’Etats de la Cedeao qui s’est tenu le dimanche dernier à Abuja au Nigeria, l’organisation sous-régionale a salué les progrès relatifs réalisés en Guinée, parmi lesquelles, la tenue prévue d’un référendum constitutionnel en 2024. Elle s’est félicitée des interactions en cours entre la commission et les autorités de transition et a félicité les autorités guinéennes pour avoir réaffirmé leur appartenance indéfectible à la communauté de la Cedeao.
La Guinée qui était annoncée par certains comme l’un des pays qui lorgneraient l’AES coupe court ainsi à ces rumeurs. Et cette prise de position prouve que le pays du Général Mamadi Doumbouya n’est pas sur la même longueur d’ondes que les pays de l’AES.
S. Traoré