Le président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) Aguibou Bouaré a présenté hier le rapport 2022 de son institution sur la situation des droits de l’Homme au Mali devant le Conseil national de Transition (CNT).
Ce rapport examine en six parties, la situation des droits de l’Homme au Mali. Il passe en revue l’état des droits civils et politiques, des droits économiques, sociaux et culturels, ceux des personnes vulnérables, la situation carcérale et les conditions de détention ainsi que le droit à un environnement sain. Dans ce rapport, un accent particulier est mis une fois de plus sur la question de l’esclavage par ascendance qui sévit dans les régions de Kayes, Kita, Nioro du Sahel, Nara et Koulikoro.
Selon le rapport, malgré les multiples actions entreprises sur le plan holistique par des acteurs divers, l’année 2022 reste marquée par d’importantes atteintes aux droits de l’Homme relatives à la pratique de l’esclavage par ascendance. D’après le document, l’assassinat de Mme Diogou Sidibé le 31 juillet dans le village de Lany-Mady situé dans la région de Kayes est une illustration éloquente. Le document souligne aussi que l’année 2022 a été marquée par des abus et violations graves des droits de l’Homme visant aussi bien les populations civiles que les Forces de défense et de securité. Ceux-ci se manifestant par des atteintes aux droits à la vie et au respect de l’intégrité physique, à la liberté de presse, de manifestation, de cortège et de réunion perpétrés au Centre comme au Nord du pays sans qu’aucune partie du territoire national ne soit épargnée. Pour l’Institution nationale des droits de l’Homme, ces abus et violations enregistrés sont la résultante du terrorisme, des conflits inter et intracommunautaires, mais aussi de la crise socio-politique. La CNDH a déploré aussi que le droit à l’éducation a connu des difficultés dans sa mise en œuvre. Elle est préoccupée par les fermetures d’écoles sur menaces des groupes terroristes dans les zones de conflits. Sur le plan de la santé, elle a noté des progrès en matière d’équipements essentiels. Toutefois, elle dira les populations attendent davantage d’amélioration des conditions d’accès à la santé surtout dans les zones de conflits. Le rapport touche aussi les droits des personnes privées de liberté et la situation carcérale. D’après la CNDH, ceux-ci pourraient connaitre davantage de progrès avec la décongestion des prisons. La surpopulation carcérale, le dépassement des délais de garde à vue, de détention provisoire demeurent une source de préoccupation pour la CNDH tant les conditions de détention sont souvent inhumaines. L’Institution nationale des droits de l’Homme a salué le recrutement de 125 agents pénitentiaires dans le sens de l’amélioration. Le rapport s’intéresse également aux droits de la femme, à la situation des enfants, aux droits des personnes vivant avec un handicap, à ceux des personnes âgées. La CNDH se dit préoccupée par la situation des déplacés internes et recommande aux autorités de prendre des mesures afin qu’ils bénéficient des services sociaux de base et pour préparer leur retour effectif et sécurisé dans leurs localités. Elle recommande au gouvernement la sécurisation des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire, le renforcement de l’institution judiciaire en ressources humaines, matérielles et financières lui permettant d’enquêter et de statuer sur les cas de violations graves des droits de l’Homme commises au Mali. Elle recommande en outre l’adoption d’une loi réprimant l’esclavage et les pratiques assimilées, d’une autre réprimant les VBG, le renforcement et l’amélioration des mécanismes de lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance. La présentation du rapport a été suivie de débats houleux sur le document entre le président de l’institution Aguibou Bouaré et les membres du CNT.
A. Sanogo