Saddam Haftar, fils de l’homme fort de l’Est de la Libye, le Maréchal Khalifa Haftar, a effectué des visites au Tchad, au Burkina Faso et au Niger ces derniers temps.
Nommé il y a quelques mois à la tête des forces terrestres de l’Armée nationale libyenne dirigée par son père Khalifa Haftar, Saddam Haftar a effectué une visite au Tchad en tant qu’envoyé spécial de son père à N’Djamena auprès du président tchadien Mahamat Idriss Deby Itno.
Ensuite, le mardi 9 juillet dernier, il s’est rendu au Burkina Faso. Mandaté par son père, Saddam Haftar a rencontré au palais présidentiel de Ouagadougou le Capitaine Ibrahim Traoré, président du Faso. Officiellement, rien n’a filtré sur le contenu de cette discrète visite à Ouagadougou. Mais du côté libyen, un communiqué de l’Armée nationale libyenne a indiqué que Saddam Haftar s’est rendu au Burkina en tant qu’émissaire de son père. Selon plusieurs spécialistes, les autorités de l’Est libyen sont encouragées par la Russie à nouer des relations plus fortes avec les pays de l’Alliance des États du Sahel.
Mi-août, le ministre de l’Intérieur du Niger, le Général de Brigade Mohamed Toumba à la tête d’une forte délégation, s’était rendu à Benghazi en Libye où plusieurs accords notamment sur la lutte contre criminalité transfrontalière ont été signés entre les deux pays. Et il y a quelques jours, le chef d’état-major de l’Armée de terre de la Libye, Sadam Haftar, fils du Maréchal Khalifa Haftar s’est rendu à Niamey où il a été reçu par le président Abdourahmane Tiani selon plusieurs sources.
Ces visites successives reflètent l’intérêt de la Russie pour la région, dans laquelle Moscou souhaite que la Libye, représentée par son allié Khalifa Haftar collabore plus avec ses nouveaux alliés au Sahel. La situation de la Libye à proximité du Tchad, du Niger et du Soudan est d’un grand intérêt pour la Russie afin d’étendre sa présence militaire et de relier les pays qui sont militairement présents ou qui cherchent à l’être.
A noter que ces derniers mois, la Russie a multiplié ses visites militaires dans l’Est de la Libye, au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est rendu dans la capitale tchadienne, N’Djamena, précédé d’une visite qualifiée d’historique par le président tchadien à Moscou, où il s’est entretenu avec le président Vladimir Poutine.
Kader Abderrahim, auteur de Géopolitique de la Libye pense que ces déplacements devraient renforcer les liens parrainés par Vladimir Poutine, entre les trois pays du Sahel et le pouvoir militaire à Benghazi. Le président russe aimerait bien, selon Kader Abderrahim, que l’Armée nationale libyenne s’implique davantage dans la structuration de la zone du Sahel.
Pour le chercheur, Vladimir Poutine se rend compte qu’il n’a pas les moyens militaires et humains d’être davantage présent dans cette zone. Et il est donc probable qu’il accorde à la Libye un rôle à jouer. Un avis partagé par le spécialiste du monde arabe Hasni Abidi. Pour lui, l’homme fort de Benghazi offre désormais aux Russes, un couloir allant de la Méditerranée jusqu’à Bamako. Il estime que le Maréchal Haftar cherche à s’imposer comme force militaire dans la région du Sahel.
Seydou Traoré