Les autorités de la Transition ont suspendu ce mercredi, jusqu’à nouvel ordre, la diffusion de RFI en ondes courtes et FM et la télévision France 24 sur toute l’étendue du territoire national.
Cette décision a été mal accueillie par certains acteurs des medias et des défenseurs des droits l’Homme parmi lesquels, Tidiani Togola, directeur exécutif de la Fondation Tuwindi et Aguibou Bouaré, président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH).
Le directeur exécutif de la Fondation Tuwindi, dit avoir appris, au moment même où il est à Tunis pour les Assises internationales du journalisme, la suspension de Rfi et France 24 et l’interdiction faite aux médias maliens de diffuser leurs contenus.
Selon lui, le Mali gagnerait à apporter des démentis par des preuves et utiliser son droit de réponses que de suspendre des médias. « Ces types de mesures pourraient porter atteinte à la liberté d’expression et provoquer un malaise général chez les professionnels des médias. Le droit et la transparence sur les faits sont plus efficaces que les représentations qui suscitent des soupçons à raison ou à tort », a écrit Tidiane Togola.
Sur le même sujet, s’est exprimé le président de la CNDH, Aguibou Bouaré à travers son compte Facebook. Pour lui, les libertés d’expression, d’opinion, de presse sont garanties par la loi fondamentale du Mali et les instruments juridiques internationaux pertinents auxquels le pays a souscrit. Les personnes physiques et morales coupables d’infractions aux règles de déontologie et de professionnalisme peuvent être l’objet de poursuites judiciaires.
Le président Bouaré a signalé que les populations ne devraient pas être privées de la jouissance du droit fondamental à l’information. « Nul n’est à l’abri de la violation de ses droits. La protection des droits de l’Homme est une responsabilité partagée », a-t-il souligné.
Certains journalistes se demandent à qui le tour après RFI et France 24. Madiassa Diakité, rédacteur en chef du journal le Républicain pense qu’à ce rythme, des médias nationaux aussi risquent de subir la foudre des autorités de la transition. « A ma connaissance, des médias locaux aussi ont largement diffusé le rapport de Human Rights Watch et la déclaration de Michelle Bachelet devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Ces mêmes médias diffusent largement les différentes communications du gouvernement malien et de l’armée malienne », souligne-t-il. Pour le journaliste, si nos autorités estiment qu’elles ont été lésées par France 24 et RFI, les moyens de recours sont connus. « Attention à la dictature de la pensée unique! Car à trop réduire le champ de l’expression, on affaiblit le débat public. Surtout, on aboutit à une société intolérante, pétrie de tabous d’un côté et de demi-vérités de l’autre. Tout cela, avec les meilleures intentions du monde », prévient-il.
S. Sidibé