Report de la présidentielle : Des partis politiques appellent les autorités à la concertation avec les acteurs

Le report de l’élection présidentielle annoncé le 25 septembre dernier par le gouvernement ne finit pas de susciter des réactions au niveau de la classe. La Convergence, parti de Moussa Timbiné, ancien président de l’Assemblée nationale,  estime que ledit report aurait pu faire l’objet de large concertation avec la classe politique, la société civile et les services techniques en charge de l’organisation des élections. En conséquence, pour une démarche plus inclusive et consensuelle, le parti La Convergence invite le gouvernement à élargir la rencontre qu’il  envisage avec l’Aige, aux acteurs de la classe politique et de la société civile. Ainsi, les conclusions qui sortiraient de ces échanges pourraient être portées par l’ensemble du peuple malien.

Le Parti pour l’action civique et patriotique (PACP) a, dans une déclaration rejeté les raisons évoquées par le gouvernement pour expliquer ce report. Selon le parti de Niankoro Yeah Samaké, ces raisons sont non seulement en contradiction avec la charte de la Transition, mais elles ne reposent également pas sur des fondements objectifs. Pour le PACP, ce report s’ajoute à une longue liste d’actes de reniement de la parole publique et de violation d’engagements par les autorités de la Transition, créant ainsi une crise de confiance qui sape les fondements de notre démocratie, porte atteinte au crédit de l’Etat et menace la stabilité du pays. Le PACP exhorte, dans l’intérêt supérieur de la nation, les autorités de la Transition à engager très rapidement des consultations avec l’ensemble des acteurs afin de parvenir à un modus operandi qui nous mènera  vers le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais.

Le Congrès national d’initiative démocratique (CNID-Faso Yirwaton) salue la décision du gouvernement d’organiser exclusivement l’élection présidentielle pour sortir de la transition. Il se réjouit du fait que l’insécurité ne soit pas un obstacle à la tenue des différents scrutins. Toutefois, le parti de Me Mountaga Tall encourage le gouvernement à plus de concertations  dans les prises de décisions engageant la vie de la nation. Il exhorte le gouvernement à entreprendre des concertations inclusives au terme desquelles, seront annoncées les nouvelles dates du scrutin présidentiel  dans le strict respect de la charte de la transition, de la Constitution et des engagements internationaux.

Décision unilatérale

L’Adema-PASJ dit constater que ce report consacre une nouvelle prolongation de la transition même si le gouvernement réaffirme sa volonté d’effectuer un retour à l’ordre constitutionnel apaisé et sécurisé. Le parti de l’abeille regrette cette décision unilatérale du gouvernement qui, au regard de son caractère hautement politique, devrait faire suite à des concertations et négociations avec tous les acteurs de la vie socio-politique, en vue de parvenir à un consensus politique national. L’Adema-PASJ est convaincue que pour qu’une consultation électorale soit crédible, apaisée et acceptée, il convient de reconnaitre l’importance cruciale des aspects politiques du processus électoral, y compris les rôles à jouer par les autres parties prenantes au processus électoral. Le parti exhorte donc les plus autorités de la transition à activer, le cadre de concertation avec la classe politique et tous les autres acteurs de la vie socio-politique nationale ainsi que les partenaires de la communauté internationale pour poursuivre les échanges en vue de parvenir à un chronogramme électoral acceptable et réaliste, permettant d’organiser des élections générales démocratiques, inclusives, transparentes et sécurisées à date.

L’Action républicaine pour le progrès (ARP) estime que cette décision compromet sérieusement le respect du chronogramme électoral validé par la Cedeao et suscite des inquiétudes quant à l’engagement du gouvernement envers un processus démocratique transparent et inclusif. Le regroupement politique considère que ce report sine die et sans concertation préalable avec l’ensemble de la classe politique va à l’encontre des principes prônés pour assurer une transition stable et apaisée. L’ARP qui a évoqué la dégradation de la situation  sécuritaire a appelé les autorités à prendre en compte les préoccupations légitimes de tous les acteurs politiques et de reconnaitre l’urgence de la situation sécuritaire du pays. Dans l’intérêt exclusif de la nation, elle a appelé à la dissolution du gouvernement et son remplacement par une nouvelle équipe cabale de redresser la situation d’ensemble du pays.

L’Asma-CFP de son côté a noté que ce report des élections présidentielles, législatives et des collectivités se caractérise par son unilatéralité car n’ayant été décidé avec aucune force ni politique, ni sociale alors qu’un cadre de concertation existe bien. Le parti de l’ancien Premier ministre feu Soumeylou Boubèye Maïga dénonce cette démarche solitaire et invite les autorités de la transition à privilégier le dialogue et l’approche consensuelle sur un sujet du genre ainsi que sur toutes les questions essentielles. Il perçoit en ces reports une seule finalité qui est la prorogation de la durée de la transition.

Abdoul Sanogo