Processus de paix : Le Dialogue inter-Maliens renvoie à d’autres dialogues

Le Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale initié par le chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta dans le but de nationaliser le processus de paix a pris fin par la phase nationale qui s’est tenue à Bamako du 6 au 10 mai dernier. Certaines recommandations dans le rapport général renvoient à d’autres dialogues.

Dans son discours à la Nation à l’occasion du nouvel an, le chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta a indiqué que l’unité nationale et le vivre ensemble constituent le socle sur lequel nous devrions bâtir toutes les actions pérennes de développement. « Nous sommes à une étape charnière de l’avancée de notre pays vers la paix, la sécurité et le développement. C’est pourquoi, capitalisant les avancées réalisées dans le cadre du processus de paix et tirant les enseignements des défis qui demeurent, j’ai pris l’option de privilégier l’appropriation nationale du processus de paix en donnant toutes les chances à un dialogue direct inter-Maliens pour la paix et la réconciliation afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires », a expliqué le Colonel Assimi Goïta dans son discours à la Nation le 31 décembre 2023. Avant de préciser que l’unicité, la laïcité de l’Etat et l’intégrité du territoire ainsi que les trois principes qui sous-tendent l’action publique au Mali ne feront pas partie des sujets de discussion.

Dans la lettre de mission du président du comité de pilotage, Ousmane Issoufi Maïga, leprésident de la Transition a décliné sa vision pour le dialogue inter-Maliens à savoir « résoudre les mésententes au sein des communautés et entre elles et réparer le tissu social en vue de restaurer l’harmonie et le vivre ensemble ayant toujours caractérisé les sociétés maliennes sans lesquels, le développement et la réalisation du Malikura seraient impossibles ».

Après les niveaux communal, régional, du District de Bamako ainsi que des ambassades et consulats, la phase nationale s’est tenue du 6 au 10 mai dernier. Plusieurs recommandations renvoient à d’autres dialogues. Il s’agit d’engager le dialogue avec tous les mouvements armés maliens, d’ouvrir le dialogue doctrinal avec les groupes armés dits djihadistes et mettre à contribution les érudits maliens pour définir le corpus doctrinal des débats à mener avec ces groupes.

L’initiative du chef de l’Etat de nationaliser le processus de paix avait été bien accueillie par l’opinion nationale. Nombreux sont les observateurs qui pensaient que ce dialogue allait prendre fin par la signature d’un document qui remplace l’Accord d’Alger. Lequel Accord avait eu du mal à avoir un ancrage et même l’adhésion des Maliens dans leur écrasante majorité y compris ceux des régions dites Nord du Mali. « Honnêtement, j’avais pensé à une sorte de rechange à la place de l’Accord pour la paix et la réconciliation », témoigne cet enseignant du secondaire. « Je pensais qu’on allait engager les discussions avec les groupes armés du Nord, les groupes terroristes maliens, les milices d’auto-défense, les exilés et réfugiés politiques pour les faire venir dans une salle afin de dialoguer par rapport à une nouvelle orientation pour la paix dans notre pays », a indiqué ce diplomate à la retraite, qui déplore que son constat est que ce dialogue renvoie plutôt à d’autres dialogues à savoir le dialogue avec les groupes armés et avec les groupes djihadistes. Notre interlocuteur soutient que dans son entendement, c’est ce qui allait être fait dès lors de l’Accord issu du processus d’Alger a été rendu caduc.

 Seydou Traoré