Justice : Me Ousmane B. Traoré en guerre contre les comportements déviants de certains acteurs

Au cours de l’audience solennelle de rentrée des cours et tribunaux de l’année dernière, le bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali Me Ousmane Bouba Traoré avait dépeint un certain nombre de comportements déviants de la part de certains acteurs de la justice pour lesquels, il a avait demandé des sanctions.

Dans sa plaidoirie à l’occasion de l’audience solennelle de rentrée des cours et tribunaux 2023-2024 le jeudi 7 décembre dernier sur le thème « justice et citoyenneté dans le Mali nouveau », il a indiqué que de cette  date à nos jours, il y a une volonté marquée et des actes perceptibles pour redresser la balance de la justice. Me Traoré a expliqué les contenus que le barreau du Mali donne  à la justice, à la citoyenneté,  au Mali nouveau qui est le thème retenu pour cette rentrée judiciaire.   

Selon lui, la justice et la citoyenneté sont deux notions étroitement liées et consubstantielles à la consolidation de l’Etat de droit et de la démocratie. Pour Me Ousmane B. Traoré, la justice symbolise la reconnaissance et le respect des droits et du mérite de chacun. Elle est avant tout un idéal et une valeur morale, la base de la cohésion sociale, le pilier de l’Etat de droit et fondatrice des valeurs démocratiques.

Pour l’avocat, la citoyennetéest une situation positive créée par la pleine reconnaissance aux personnes de leur statut de citoyen, leur faisant ainsi disposer dans la communauté de tous les droits civils et politiques.

Par Mali nouveau, Me Ousmane B. Traoré dira qu’il entend un Mali débarrassé de toutes les pesanteurs nuisibles à son développement et au bien-être des populations. Pour l’atteinte de cet objectif fort louable, il a exhorté les citoyens à adopter un ensemble de comportements positifs se manifestant par un réarmement moral individuel et collectif plaçant la patrie au-dessus des intérêts  personnels. Mais aussi  en se remémorant toujours la Charte du Mandé contenant 44 articles et qui a existé plus de 5 siècles avant la Déclaration des droits et du citoyen en France de 1789 et 8 siècles avant la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948 des Nations unies en tant que source d’enseignement inépuisable.  Pour l’avocat, le Mali est aujourd’hui à la croisée des chemins. Il a décidé de prendre son destin en mains, de s’affranchir de certaines pesanteurs et de poser les jalons d’un véritable progrès.

« Nous tous : avocats, juges, huissiers-commissaires de justice, notaires, gardiens de prison, experts judiciaires et agents de police judicaire, nous devrons faire de l’éthique notre bréviaire, comme l’a rappelé Keba Baye lors de la leçon inaugurale sur l’éthique prononcée le 14 décembre 2005 à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar », a indiqué Me Traoré, qui a invité les acteurs de la justice à mettre l’éthique au centre de leurs préoccupations.

Me Ousmane B. Traoré a noté des avancées réalisées au titre des réformes structurelles déjà engagées dans le secteur de la justice. Il s’agit, entre autres, de la création du Pôle national économique et financier à travers la loi n°2021-051 du 29 septembre 2021, la création du Pôle national de lutte contre la Cybercriminalité par la loi n°2022 -058 du 22 décembre 2022, la création d’un Parquet spécialisé au niveau du pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, désormais séparé du Tribunal de grande instance de la Commune VI, ayant un Procureur de la République à sa tête par la loi n°2023-018 du 23 mai 2023, la création de l’Agence de recouvrement et de gestion des avoirs saisis ou confisqués par l’Ordonnance n°2022-019/PT-RM du 20 septembre 2022, ratifiée par la loi n°2023-011 du 11 mai 2023.  A ces réformes majeures s’ajoutent la semaine de la justice et la relecture en cours du Code pénal et du Code de procédure pénale, a détaillé le bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali. Autre source de satisfaction qu’il a citée  est l’embellie observée par les justiciables quant à la qualité des décisions de justice par certaines juridictions de fond dont la Cour d’appel de Bamako depuis les récentes mutations.

Cependant, la question récurrente que Me Traoré  se pose est « que faire contre les acteurs de la justice qui s’écartent toujours des règles, contre ceux d’entre nous qui pensent que la justice représentée par la balance de Themis n’est qu’illusion, incantation, vœux pieux, qui oublient que la justice est le pain du peuple et qu’à ce titre, il en est toujours affamé ? ».  La réponse qu’il a donnée est qu’il faut sévir.

En en ce qui concerne le barreau du Mali, il dira que le conseil de l’ordre et le bâtonnier ont entrepris des mesures énergiques qui ne sauraient s’accommoder d’un exercice professionnel débridé au mépris de la probité et de la décence.  Selon Me Ousmane B. Traoré, la tenue des états généraux du barreau du 26 au 27 juillet  s’est inscrite dans ce registre, car pour lui,  il n’est pas question d’enlever la paille dans les yeux de certains acteurs principaux de la justice et laisser la poutre dans les leurs. D’après lui, le barreau œuvre à la mise en place d’un observatoire dédié à la lutte contre les pratiques anormales au sein de la justice au Mali.

S. Traoré