Lors de la réunion plénière de l’Assemblée générale de l’ONU sur le véto russe ayant engendré la levée du régime de sanctions concernant le Mali le lundi 11 septembre dernier, le Mali par la voix de son représentant permanent, Issa Konfourou a remercié la Russie pour l’usage de son veto. Pour le diplomate, ce régime de sanctions était devenu un instrument entre les mains d’un groupe de pays hostiles au Mali et à ses interets.
Issa Konfourou a d’abord rappelé le contexte d’établissement de ce régime de sanctions. D’après lui, malgré la signature de l’Accord pour la paix en 2015, la CMA et la Plateforme continuaient encore en 2017, les affrontements meurtriers dans la région de Kidal, mettant en retard et compromettant son application. Après plus de deux ans de mise en garde, le gouvernement a adressé une demande formelle au Conseil de sécurité, en août 2017, pour imposer des sanctions contre les auteurs des entraves à la mise en œuvre de l’Accord. C’est ainsi que ces sanctions ont été imposées et renouvelées année après année.
Selon l’ambassadeur Issa Konfourou, ce régime concerne la mise en œuvre de l’Accord qui couvre uniquement les régions du Nord. Mais, le constat est que le groupe d’experts mis en place a, à de nombreuses occasions, outrepassé son mandat et s’est même transformé en un autre mécanisme politique. A titre d’exemples, il a cité l’exigence faite au gouvernement de fournir les informations détaillées sur la coopération militaire et sécuritaire entre la Russie et le Mali, le fait que ce groupe d’experts a étendu son mandat aux ressources minières du Mali, exploitées essentiellement dans les régions du Sud et non au Nord.
Le deuxième problème que le diplomate a souligné porte sur la coopération entre le gouvernement, le comité de sanctions et le panel d’experts. Pour Issa Konfourou, le gouvernement tenait à la mise à sa disposition des rapports avant leur publication afin de formuler des observations éventuelles. Malheureusement, il se voyait refuser l’accès aux rapports alors que des fuites étaient organisées dans la presse internationale, donc connues du grand public avant l’Etat membre concerné.
Issa Konfourou a aussi souligné les défis que le Mali et les pays de la région rencontraient dans la mise en œuvre de ce régime de sanctions, compte tenu de leur nature. Il a également fait savoir que certains individus sanctionnés sont désormais engagés de manière constructive avec le gouvernement dans la mise en œuvre de l’Accord et dans la recherche de la paix entre Maliens. En plus selon lui, le gouvernement a signalé plusieurs fois, l’existence d’autres acteurs sur le terrain qui constituent des obstacles majeurs à l’application de l’Accord. Or, ces groupes criminels sont hors du champ d’application de l’Accord et donc du régime de sanctions. Mieux, il soutient que le gouvernement a décidé de donner une nouvelle chance aux mesures de confiance entre les parties signataires de l’Accord, notamment à travers la revitalisation du dialogue direct inter-Maliens. C’est pour tout cela, a insisté l’ambassadeur Konfourou, que le gouvernement a demandé au Conseil de sécurité, par lettre en date du 15 août 2023, la levée du régime de sanctions concernant le Mali. Il a exprimé la gratitude du gouvernement du Mali à la Russie pour l’usage légitime de son droit de véto et pour son partenariat fiable et sincère. Il s’est réjoui de ce veto qui a permis de mettre fin au régime de sanctions, qui était devenu un instrument entre les d’un groupe de pays hostiles au Mali et à ses choix et qui l’utilisaient pour porter atteinte à ses intérêts.
F. Sissoko