Crise énergétique : le silence assourdissant du Conseil national de Transition

Les Maliens souffrent et continuent de souffrir de la crise énergétique. La société Energie du Mali (EDM-SA) peine à fournir l’électricité à ses clients malgré les grandes annonces faites par la ministre de l’Energie et de l’Eau, Mme Bintou Camara, sur le plateau de la télévision nationale il y a quelques semaines. Au lieu que la situation s’améliore, elle a plutôt empiré. Devant cet état  de fait, le Conseil national de Transition (CNT), organe législatif censé contrôler  l’action gouvernementale se mure dans un silence assourdissant qui ne dit pas son nom.

Après la sortie médiatique de la ministre de l’Energie et de l’Eau sur la crise énergétique que traverse le pays, la situation va de mal en pis. C’est le constat général qui se dégage alors que Mme Bintou Camara avait annoncé une amélioration de la fourniture d’électricité pour les jours suivant l’interview qu’elle a accordée à la télévision nationale. 

Cette sortie médiatique de la ministre avait d’ailleurs été perçue par l’opinion comme la prise du taureau par les cornes par les autorités de la Transition. Car elle avait fait un diagnostic sans complaisance des problèmes que traverse la société Energie du Mali (EDM SA) et qui ont des conséquences sur la fourniture de l’électricité. Maitrisant visiblement la situation, la ministre Bintou Camara avait annoncé  d’importantes mesures  pour l’amélioration de cette fourniture.

Parlant des raisons de la dégradation de la fourniture de l’électricité, elle avait dénoncé le manque de rigueur dans la gestion d’EDM qui a entrainé le déficit de production. Avant de révéler aussi que la société dans sa gestion a laissé tomber tout ce qui est hydro-électricité et solaire et s’est mise dans le thermique qui utilise beaucoup de carburant surtout le fioul et le gasoil. La ministre Camara avait dénoncé également  le vol de carburant au niveau de la société. Pour corroborer ses propos, elle a révélé  qu’en quatre jours seulement, 59 citernes ont disparu entre Balingué et les différentes centrales de Bamako. Une autre révélation que la ministre avait faite est qu’il y a également du vol au niveau de la facturation. Après avoir posé le diagnostic du mal dont souffre EDM-SA, elle avait annoncé certaines mesures dans le sens de l’amélioration de la fourniture d’électricité. Séance tenante, Mme Bintou Camara avait promis l’amélioration  de la fourniture de l’électricité pour les jours suivant sa sortie médiatique sur l’ORTM. Au niveau des mesures prises, elle a décidé de réduire le nombre pléthorique de fournisseurs de carburants qui était de 800 à quatre  sociétés. Lesquelles fourniront désormais le carburant à travers un contrat suffisamment clair et avantageux pour les deux parties. Elle avait aussi annoncé le retour de la société au fioul qu’elle avait cessé d’utiliser.

Aucune amélioration

Les annonces faites par la ministre  de l’Energie et de l’Eau  avaient donné une lueur d’espoir aux populations. Celles-ci devront encore attendre et prendre leur mal en patience. Car le constat général est que la situation a empiré avec des coupures qui prennent souvent toute la journée ou toute la nuit selon les quartiers ou les secteurs. Dans la circulation, les lampadaires qui doivent servir pour l’éclairage public  ne fonctionnent presque plus.  Au niveau  de l’administration, presque tous les services utilisent aujourd’hui des groupes électrogènes pour assurer la continuité du service public. Rares sont les ateliers de menuiserie métallique, de couture, les lavages, les salons de coiffure, les pressings, les imprimeries, les boutiques pour ne citer que ceux-là, dont les revenus journaliers dépendent de l’électricité, qui parviennent à travailler normalement sauf ceux qui ont pu se procurer de groupes  électrogènes.

Face à cette situation, le silence du CNT  est incompréhensible. Alors  que devant ce genre de problème, il est de la responsabilité  de  l’organe législatif  d’interpeller le gouvernement pour donner la vraie information aux Maliens. Car les déclarations et promesses de la ministre de l’Energie et de l’Eau n’ont pas été suivies d’effet. Bien au contraire, le temps des coupures a augmenté. Le CNT a la possibilité de saisir le gouvernement à travers des questions orales ou d’actualité.

Sur les questions orales,  d’actualité et les interpellations du gouvernement,  l’article 88 du  règlement intérieur du CNT est très clair. Tout membre du CNT qui désire poser aux membres du gouvernement des questions orales doit remettre celles-ci par écrit à son président qui les communique au Premier ministre, chef du gouvernement. Les questions orales sont inscrites sur un rôle spécial au fur et à mesure de leur dépôt. Selon l’article 91, durant les questions d’actualité et les interpellations, le banc du gouvernement est occupé par le Premier ministre ou son intérimaire accompagné des ministres concernés.  Le même article dit que dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale, le débat sur les questions orales, d’actualité et les interpellations est retransmis en direct ou en différé intégral par les medias d’Etat ou tout autre media qui s’y propose gracieusement. Il revient donc au CNT de sortir de son  silence face à cette épineuse question d’électricité qui pourrait constituer, si rien n’est fait,  l’un des points d’échec de la transition.

A. Sanogo