Conférence régionale de Bamako : Des recommandations pour une meilleure implication des diasporas et afro-descendants dans le développement du continent

Les rideaux sont tombés le vendredi dernier sur la conférence régionale de l’Afrique de l’Ouest qui s’est tenue les 14 et 15 mars à Bamako en prélude au 9ème congrès panafricain sur le thème : « diasporas, afro-descendants et développement ». La cérémonie de clôture présidée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop a enregistré, la présence de ses homologues togolais, Pr Robert Dussey, burkinabè Karamoko Jean Marie Traoré et capverdien Georges Santos, ainsi que du ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher.

Après l’intervention du sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères de la Lybie en charge des questions politiques Mohamed Issa et la synthèse des travaux présentée par Dr Frannie Leautier, la déclaration de la conférence a été lue par le ministre capverdien des communautés établies à l’extérieur.  La conférence y a souligné la nécessité de renforcer l’unité, la cohésion, la solidarité afin de promouvoir un développement intégré du continent avec le soutien de sa diaspora et les afro-descendants. Elle a reconnu l’existence au sein des diasporas africaines et des afro-descendants, d’éminents intellectuels, d’hommes et femmes d’affaires, de professionnels, ingénieurs, professeurs, écrivains, médecins, diplomates, artistes et d’autres compétences. Mais aussi que les diasporas africaines et les afro-descendants représentent la première richesse de l’Afrique en tant que ressources humaines et disposent de ressources financières qui pourraient être mobilisées pour apporter des solutions propres à certains problèmes de développement et compenser la dépendance accrue à l’aide extérieure. La conférence a recommandé, entre autres, la création d’un cadre institutionnel à l’échelle de l’Afrique pour la représentation des diasporas africaines et des afro-descendants, basée sur la cartographie des compétences, le renforcement des garanties de confiance et de transparence, ainsi que les réformes nécessaires à une gouvernance vertueuse, assortie de mesures incitatives à l’investissement des diasporas africaines et des afro-descendants, la mise en place d’un cadre de coordination et de soutien pour les diasporas africaines et les afro-descendants en vue d’une meilleure mobilisation de leur potentiel, la rationalisation des règlementations et des procédures commerciales afin de permettre aux entrepreneurs des diasporas africaines et aux afro-descendants de créer et d’exploiter plus facilement des entreprises dans leur continent d’origine. Il s’agit également de la promotion du transfert de connaissances et de technologies entre les membres des diasporas africaines et des afro-descendants et les institutions locales par le biais de partenariats de recherche, de programme d’échange de technologies, la création de fonds ou de mécanismes financiers qui facilitent l’accès au financement pour les entrepreneurs des diasporas africaines et des afro-descendants et réduisent les obstacles et les risques associés à la création ou à l’expansion d’entreprises, la favorisation d’un dialogue ouvert et permanent entre les gouvernements africains, les diasporas africaines et les afro-descendants, le lancement de campagnes de sensibilisation pour promouvoir leur engagement à contribuer au développement économique et social du continent, le plaidoyer et le dialogue politique afin d’influencer les processus de prise de décision en faveur des politiques soutenant l’engagement des diasporas africaines et des afro-descendants et leur contribution précieuse au bénéfice des populations du continent. La conférence recommande également la promotion d’un développement inclusif qui reconnaît et valorise la diversité des diasporas et des afro-descendants, la création d’une Agence panafricaine de développement, la valorisation d’une éducation décolonisée, décomplexée et enracinée dans les savoirs endogènes ainsi que l’appropriation par les intellectuels africains de l’histoire de l’Afrique, pour déconstruire les narratifs importés et non adaptés aux réalités africaines, l’établissement d’un réseautage pour un partenariat solide entre les Africains établis sur le continent et ceux issus de la diaspora et les afro-descendants ainsi que l’orientation des investissements dans les secteurs clés dont l’agro-industrie, le tourisme et les infrastructures, la valorisation de pratiques endogènes à l’Afrique empreintes d’humanisme, à l’instar de la philosophie Ubuntu et la philosophie Maaya, le développement des systèmes de transfert d’argent et la mobilisation de l’épargne populaire.

Dans son discours de clôture, le chef de la diplomatie malienne s’est félicité de la qualité des travaux, des conclusions ainsi que la diversité des participants.  Abdoulaye Diop a appelé au pragmatisme et à regarder parmi toute la panoplie de recommandations, ce qui est faisable dans le court terme et dans l’immédiat. Il a aussi invité à hiérarchiser les recommandations car tout ne peut pas être fait tout de suite. Pour lui, il faudra voir quels sont les éléments de nature plus stratégiques ou catalytiques qui puisent créer les conditions pour d’autres éléments. 

F. Sissoko