Fidèle à sa mission, l’Institut International de Recherche sur les Cultures des Zones Tropicales Semi-arides (ICRISAT) a tenu, jeudi 14 novembre, sa traditionnelle journée portes ouvertes à sa station de Samanko. Cet évènement axé sur l’innovation agricole a réuni producteurs, entreprises semencières et partenaires du développement.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par Dr Kalifa Traoré, Directeur Général de l’Institut d’Économie Rurale (IER) et représentant du ministre de l’Agriculture avec à ses côtés Dr Ayoni Ogunbayo, représentant de l’ICRISAT au Mali, ainsi que les élus locaux et représentants d’organisations nationales et internationales. Cette journée a aussi enregistré la présence des représentants des entreprises semencières et des associations de producteurs.
L’objectif principal : présenter les technologies agricoles développées pour renforcer la résilience des systèmes de production et améliorer les rendements des cultures phares comme l’arachide, le sorgho et le mil.
Innover face aux défis climatiques
Au cours de cette journée, les activités de recherche et les technologies disponibles pour la production d’arachide, de sorgho et de mil ont été mises en lumière. La rencontre a offert une plateforme d’échanges sur les exemples réussis d’adoption de technologies, pour sensibiliser les agriculteurs et les partenaires sur les variétés améliorées disponibles, apprendre des réussites et des bonnes pratiques des autres agriculteurs. Aussi, les participants ont mis cette rencontre à profit pour renforcer et stimuler le partage d’informations entre les agriculteurs sur les défis de production, de commercialisation et de consommation et créer un forum pour l’échange de connaissances sur les systèmes de production de semences entre les chercheurs, les agriculteurs et les experts en semences.
Après les mots de bienvenue du chef de village de Samanko et de la représentante du maire du Mandé, le Représentant de l’ICRISAT a rappelé l’importance de l’agriculture dans la quête d’une croissance économique durable au Mali. Dr Ayoni Ogunbayo a indiqué que l’agriculture est le principal secteur économique du Mali car elle emploie 70% de la population active et contribue à environ 42% du produit intérieur brut.
Il dira que le secteur agricole fait face à de nouveaux défis, notamment les épidémies de ravageurs et de maladies, la dégradation des terres et les effets du changement climatique. « Surmonter ces défis nécessite des efforts constants pour développer et diffuser de nouvelles technologies et pratiques accompagnées d’outils et d’approches appropriés pour la communication et la gestion des connaissances », a expliqué le Représentant de l’ICRISAT au Mali. D’après lui, ces technologies et pratiques innovantes ont le potentiel d’augmenter la production et la productivité, de réduire les pertes post-récolte, d’améliorer la qualité des produits et des services, rendant ainsi les systèmes alimentaires plus résilients et l’environnement plus durable.
Dr Ugunbayo a souligné que le sorgho, l’arachide et le mil jouent des rôles importants dans l’atteinte de la sécurité alimentaire et l’amélioration des revenus des petits producteurs de la région semi-aride de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Malgré leur importance, il a relevé que les systèmes de production continuent de faire face à plusieurs défis notamment, la faible productivité dans le Sahel, principalement due à l’accès insuffisant des agriculteurs aux semences de qualité des variétés améliorées. Ainsi que les conditions météorologiques extrêmes et les sécheresses fréquentes, exacerbées par le changement climatique qui aggravent les défis dans la sous-région.
Toutefois, face à cette situation, Dr Ogunbayo dira qu’il existe une lueur d’espoir. La productivité du sorgho, de l’arachide et du mil peut être considérablement augmentée grâce à l’utilisation de variétés améliorées accompagnées de bonnes pratiques agricoles. Même si des variétés améliorées existent, le chercheur déplore qu’elles ne soient pas toujours accessibles et abordables pour les agriculteurs du fait des difficultés dans les systèmes de production et de distribution de semences.
« En Afrique de l’Ouest et au Mali en particulier, de nombreuses variétés d’arachides, de sorgho et mil à haut rendement et tolérantes au stress, bien adaptées aux conditions climatiques et socio-économiques des petits agriculteurs, ont été développées par l’ICRISAT et ses partenaires nationaux », a souligné Dr Ayoni Ogunbayo, qui dira que leurs efforts visent à augmenter la productivité des agriculteurs pour améliorer leurs moyens de subsistance et garantir suffisamment de nourriture sur les tables à travers l’Afrique subsaharienne et le Mali en particulier.
Pour lui, la journée portes ouvertes est une méthode efficace de diffusion des technologies, car elle permet aux agriculteurs et autres parties prenantes d’apprendre les avantages de l’adoption des technologies sur le terrain. Elle offre aussi l’opportunité d’apprendre en observant les bénéfices de l’adoption des pratiques recommandées sur les champs des agriculteurs.
Développement participatif
Pour sa part, le représentant du ministre de l’Agriculture a expliqué que le Mali est sévèrement affecté par les effets du changement climatique qui impactent directement l’environnement de production et les revenus des populations. Dr Kalifa Traoré a indiqué que les cultures inscrites dans le mandat de recherche de l’ICRISAT au Mali tels que le sorgho, le mil et l’arachide sont adaptées à l’environnement difficile des zones arides à cause de leur capacité d’adaptation à la sécheresse et aux sols pauvres et de leur faible exigence aux apports externes. « Ces cultures, particulièrement le mil, sont une source précieuse de fer et de zinc, essentiels pour une alimentation et une nutrition saines des populations en général, des femmes en état de procréer et des enfants, en particulier », a souligné le Directeur Général de l’IER. D’après lui, les activités de recherche menées dans ce sens sont en accord avec la Loi d’orientation agricole du Mali.
Il dira que le gouvernement, par l’intermédiaire du ministère de l’Agriculture, apprécie les efforts constants de l’ICRISAT aux côtés du Mali dans sa lutte pour la sécurité et la souveraineté alimentaires. « En tant que centre de recherche, l’ICRISAT, en partenariat avec l’IER, joue un rôle clé dans la mise au point de solutions endogènes pour atténuer et adapter les systèmes agricoles aux effets du changement climatique », a indiqué Dr Kalifa Traoré, qui a remercié l’Institut pour le développement participatif de nombreuses variétés de mil, de sorgho et d’arachide à haut rendement, nutritives et adaptées aux conditions des producteurs maliens.
Dr Kalifa Traoré a soutenu que cette journée est une opportunité précieuse pour encourager les partenariats entre différents acteurs des chaines de valeur. Mais aussi pour mobiliser les parties prenantes pour agir en faveur de la production ainsi que la consommation et la commercialisation des cultures à forte valeur nutritionnelle comme sorgho, le mil et l’arachide. Cette journée portes ouvertes a été marquée par la visite des essais de sorgho, des parcelles de démonstration d’arachide, de variétés et hybrides de mil, des variétés et hybrides de sorgho, des blocs de croisement d’arachide et de sorgho. Mais également des parcelles expérimentales de striga, du laboratoire de pathologie, des chambres froides ainsi que des équipements et matériels de la ferme.
Au cours de la journée, Dr Djénéba Konaté, responsable de recherche au programme de sélection de l’arachide a expliqué aux visiteurs du jour, les méfaits des aflatoxines qui constituent un sérieux problème dans le domaine de l’agroalimentaire et appelé à une campagne massive de sensibilisation en faveur de l’adoption des pratiques améliorées de production et de consommation.
Dans le cadre de l’Initiative Smart Food (alimentation intelligente), des produits transformés à base de mil, sorgho, arachide et niébé ont été appréciés par les participants. En plus de l’ICRISAT, d’autres centres de recherche du CGIAR (CIFOR-ICRAF, IITA, ILRI) et WorldVeg ont participé à l’évènement travers des stands d’exposition de produits issus de leurs recherches respectives.
Fily Sissoko