Le mercredi 13 mars dernier, le gouvernement a annoncé la dissolution de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM).
Dans sa communication lors de la session de mercredi, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a rappelé que l’AEEM est une association de droit malien créée suivant le récépissé de déclaration d’association n°10281/MAT-DNAT du 20 avril 1991.
Selon le Colonel Abdoulaye Maïga, depuis plusieurs années, force est de constater que l’AEEM ne défend plus les nobles causes des élèves et étudiants conformément à ses objectifs. Elle a été plusieurs fois accusée d’être responsable de violences et affrontements dans le milieu scolaire et universitaire, caractérisés par de nombreux accrochages à mains armées entre les différents clans de ladite association.
Le dernier affrontement remonte à la date du 28 février dernier, ayant causé la mort d’un jeune étudiant de la Faculté des sciences économiques et de gestion et plusieurs blessés graves, a déploré le Colonel Abdoulaye Maïga. Pour lui, ces agissements, d’une extrême gravité, sont survenus dans la perspective du renouvellement des instances du bureau de coordination de l’Association et ont provoqué la suspension immédiate de ses activités dans l’espace universitaire jusqu’à nouvel ordre.
Le ministre Maïga dira que des pratiques similaires ont eu lieu en décembre 2017 entre des factions rivales du comité AEEM de la Faculté des sciences et des techniques et provoqué un mort. En outre, il a rappelé qu’en octobre 2018, des affrontements à coup d’armes à feu et de machettes, opposant des clans rivaux du comité AEEM de la Faculté de droit privé, ont fait 09 blessés dont 02 graves.
« A chacun de ces évènements malheureux, les forces de sécurité ont fait des descentes inopinées au niveau du siège de l’Association, qui se sont soldées par des arrestations de certains membres ayant en leur possession, des armes létales, des stupéfiants et de grosses sommes d’argent non justifiées », a dénoncé le ministre d’Etat, pour qui, les agissements en cause sèment des troubles au sein de l’espace scolaire et universitaire et provoquent des perturbations des cours, des assassinats, des meurtres et des destructions de biens publics et privés par des manifestations violentes de rue et des ports illégaux d’armes.
« Au regard de ces constats, l’AEEM est dissoute », a décidé le Colonel Abdoulaye Maïga. D’après lui, cette dissolution contribue à la réalisation de l’une des recommandations des Assises nationales de la refondation. Il s’agit de pacifier l’espace scolaire et universitaire pour en faire un lieu d’acquisition de savoirs et de connaissances et non de vandalisme et d’agressions permanentes.
Pour rappel, dans un communiqué, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Pr Bouréma Kansaye avait informé l’opinion nationale des affrontements violents avec armes létales qui se sont produits le 28 février dans le campus de Badalabougou. Pour le ministre, ces agissements d’une extrême gravité et condamnables à tout point de vue entre des clans rivaux estudiantins sont survenus dans la perspective de renouvellement des instances du bureau de l’AEEM. Selon lui, ils se sont soldés par la mort d’un étudiant et de plusieurs blessés graves. D’après le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le monde universitaire désapprouve avec véhémence ces genres de pratiques qui affectent dangereusement l’espace universitaire et compromettent la sécurité de tous les acteurs qui y évoluent. Le ministre Kansaye a indiqué que de tels actes sanglants ne resteront pas impunis et son département ne ménagera aucun effort pour la pacification de l’espace universitaire.
Au regard de cette situation, il avait décidé de la suspension immédiate des activités de l’AEEM dans l’espace universitaire jusqu’à nouvel ordre. Par la suite, les activités de l’Association avaient également été suspendues dans les établissements de l’enseignement secondaire. La violence en milieu scolaire et universitaire était devenue un casse-tête pour les autorités du pays. Elle a déjà fait de nombreuses victimes surtout au moment du renouvellement des bureaux du comité AEEM dans les différentes universités. La situation s’était envenimée à telle enseigne qu’en novembre 2020, l’ancien Premier ministre Moctar Ouane, avait présidé une réunion de concertation sur la feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations du Forum national sur la violence en milieu universitaire ainsi que son plan d’actions. Au cours de la rencontre, pour endiguer la violence, l’idée de mettre en place une police universitaire permanente avait été proposée pour créer un espace universitaire sécurisé à la fois pour les étudiants, les professeurs, le personnel d’administration et la société de façon générale. La responsabilité de cette police serait de surveiller, contrôler, prévenir, réprimer et gérer les cas de violence. D’autres avaient demandé la dissolution pure et simple de l’AEEM qui pour eux, est à l’origine de la violence dans l’espace scolaire et universitaire.
Abdoul Sanogo